Athènes : Communiqué de Polytechnique occupée (11 décembre)

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Au-delà de la victoire et de la défaite

Le prisonnier anarchiste Nikos Romanos, utilisant les seuls moyens dont il disposait en isolement en prison, son corps, a mené une grève de la faim dure et décidée qui a débuté le 10.12.2014, pour demander un souffle de liberté. En utilisant les contradictions du système légal, il a confronté et exposé ces contradictions. L’État, qui maintenait un silence absolu face à cette grève de la faim qui a duré jusqu’au 6 décembre, moment où la polémique a atteint son point culminant, a fini par reculer et a été conduit à un changement du corpus légal en ce qui concerne les sorties d’étude pour les prisonniers.

Le réajustement de l’arsenal légal est ambigu. D’un côté, les prisonniers politiques auront à présent la possibilité de faire des sorties d’étude en portant un TAG. L’État a rétrocédé face au combat mené par Nikos et le mouvement de solidarité, ce qui représente une victoire du mouvement face au pouvoir de l’État. D’un autre côté, les sorties d’étude des prisonniers en attente de procès font à présent partie du régime de contrôle digital récemment mis en place, le TAG. La recherche menée par le système pénitentiaire de pouvoir plus aisément distribuer des peines à des franges toujours plus grandes de la population semblent gagner du terrain et de la légitimité. Cependant, il ne s’agit pas d’une tactique explicitement agressive, mais plutôt une condition pour le compromis auquel l’État a été contraint.

La gauche institutionnelle, qui agit de toute façon comme la bonne conscience du système, a été, et particulièrement dans ce cas, un catalyseur de la restructuration de la trame institutionnelle dans la direction d’un renforcement du contrôle et de la répression et du désarmement de la résistance. En se servant de la grève de la faim de Nikos, les réformistes ont tenté de dégrader une lutte purement politique en affaire humanitaire. La demande d’éducation comme valeur sociale suprême n’est rien d’autre qu’une tentative de dépolitiser la lutte pour la liberté.

La grève de Nikos a été le pivot pour l’émergence et la convergence de différentes mobilisations, parce que le compagnon a vigoureusement défendu les visions radicales plus larges qui animent les opprimés, inspirant la recherche de victoire. Un prisonnier rebelle anarchiste, activement lié aux sujets de la révolte, combattant jusqu’au bout, réveille ce qui ne peut être abattu. Le mouvement de solidarité qui est sorti de terre a eu une résonance de masse, parce que la lutte de Nikos a touché quelque chose chez les opprimés, qui se reconnaissaient dans leur propre lutte pour la vie et la dignité. La lutte de solidarité a gagné du terrain en libérant des bâtiments publics à travers tout le pays et en les faisant fonctionner comme des centres névralgiques d’actions de mobilisation et de diffusion. En ce sens, elle est parvenue a subvertir en un rien de temps le régime totalitaire de contrôle de l’État sur les espaces publics qui s’est intensifié depuis la révolte de décembre 2008. Les espaces de résistance collectifs occupés ont été dépositaires d’un monde de liberté et d’auto-organisation. La continuité des initiatives agressives, malgré le fait qu’elles soient dans l’esprit restées moindres dans le temps et dans l’intensité que ce que le compagnon imaginait, ont été le rappel que les opprimés sont capables de créer une brèche dans le terrorisme d’État.

Le mouvement de solidarité qui s’est levé a fonctionné comme une menace, forçant les « représentants du peuple » à utiliser des méthodes de décompression, comme la tenue d’élections anticipées. C’est une méthode de l’État pour réfréner la confrontation imminente avec les franges résistantes de la société. Il nous faut remarquer que la résurgence de la révolte que Nikos a amorcé a été le facteur critique qui, dans la présente recomposition du régime, a forcé l’État à abandonner sa façade de scène parlementaire de députés en opposant un front uni.

Alors qu’il traverse actuellement une crise politique profonde, l’État tente d’éviter la confrontation, et a donc gardé un aspect défensif durant tous ces jours. Cependant, l’effort de restauration de la façade démocratique corrodée du pouvoir signifie l’intensification de l’agression de l’État et du Capital à travers toutes les forces de l’éventail institutionnel. La gauche institutionnelle, en particulier, qui tente d’assimiler la résistance au jeu institutionnel, joue un rôle déterminant dans le désamorçage de la lutte. Pour ces raisons, nous estimons non seulement que rien n’est terminé, non seulement que tout continue, mais que nous devons renforcer notre contre-attaque contre la civilisation de la prison et de l’exploitation. Ne permettons pas une seule seconde le silence mortel du consensus fictif mis en place.

LIBÉRATION IMMÉDIATE DES ARRETÉ-E-S DU MOUVEMENT DE SOLIDARITÉ ET FIN DES POURSUITES
RÉVOLTE PERMANENTE ET SANS TRÊVE
JUSQU’A L’ABOLITION DES PRISONS DE HAUTE SÉCURITÉ
JUSQU’A L’ABOLITION DES LOIS ANTI-TERRORISTES
JUSQU’A LA LIBÉRATION DE TOU-TE-S LES COMBATTANT-E-S EMPRISONNÉ-E-S
JUSQU’A CE QUE NOUS AYONS ABATTU LA DERNIÈRE PRISON

OCCUPATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE – 11/12/2014

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