Puebla, Mexique : Attentat explosif contre l’Institut National Electoral – Appel pour un Juin Noir

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1er message : Déclaration de Guerre Permanente

Qu’ils dégagent tou-te-s !

Bakounine disait que les révolutions sont faites de trois quarts de fantaisie et d’un quart de réalité. Ce qui importe, c’est de comprendre d’où naît la fantaisie qui fait éclater la révolte généralisée.
Ai Ferri Corti

Nous aurions aimé faire bref. Se passer de généalogies, d’étymologies, de citations. Qu’un poème, une chanson suffisent. Nous aurions aimé qu’il soit assez d’écrire REVOLUTION sur un mur pour que la rue s’embrase. Mais il fallait démêler l’écheveau du présent, et par endroits régler leur compte à des faussetés millénaires. Nous avons pris le temps d’écrire en espérant que d’autres prendraient le temps de lire. Écrire est une vanité, si ce n’est pour l’ami. Pour l’ami que l’on ne connaît pas encore, aussi. Dans les périodes de répit, il n’est pas dur de nous trouver. Il y aura des dates et des lieux où masser nos forces contre des cibles logiques. Il y aura des dates et des lieux pour nous retrouver et débattre. Nous ne savons pas si l’insurrection aura des airs d’assauts héroïques, ou si ce sera une crise de larmes planétaire – un brutal accès de sensibilité après des décennies d’anesthésie, de misère, de bêtise. Rien ne garantit que l’option fasciste ne sera pas préférée à la révolution. Nous ferons ce qu’il y a à faire. Penser, attaquer, construire – telle est la ligne fabuleuse. Ce texte est le début d’un plan. A très vite”.
Comité invisible

I

A la rage indomptée et aux cœurs agités !
Allons de l’avant dès maintenant, jusqu’à la fin de l’horizon !

Nous nous trouvons de nouveau devant vous, présentant notre praxis dénudée, sincère et insurgée qui projette ces idées incandescentes que l’anarchie a vues au cours de sa vie, ces essais qui, du sang dans la gorge, ont crié vengeance pour les cœurs indomptés qui cherchaient et cherchent à détruire une réalité inacceptable.

En long et en large du globe terrestre, la praxis anarchiste a su défier l’état et le pouvoir, en menant la guerre sociale sur tous les fronts, lançant ses idées dans les rues, les convertissant en force libératrice, transformant les prières en un feu antiautoritaire qui les a vu brûler cent fois, attaquant les centres du pouvoir politique et économique, se confrontant aux forces répressives de l’état et projetant la vie dans l’individuel et le collectif avec des formes de vie autonomes et horizontales.

Face au système de domination qui prétend contrôler nos esprits et nos corps, qui reproduit l’inégalité, qui détruit la terre et la vie, qui met un prix sur tout (un prix que nous sommes fatigué-e-s de payer), nous avons décidé d’en faire une guerre des deux côtés.

D’un côté, le système de domination, l’état qui avec tous ses bras insère la violence dans la vie quotidienne des êtres humains et de l’autre la réponse insurgée des peuples, quartiers et individualités insoumises.

Ils nous doivent tout… ils nous doivent des joies, nouvelles, chansons, souvenirs, rires, ils nous doivent nourriture, couvertures, chaussures… ILS DOIVENT PAYER BEAUCOUP DE CHOSES, ils nous doivent des dents, l’école, le respect, les poèmes… ils nous doivent des cris, de la rage, des larmes claires, ils nous doivent l’amour et ils nous doivent la haine, ils nous doivent la rage, ils nous doivent des vies, ils nous doivent beaucoup, ils nous doivent tout… et tant qu’ils nous devront tout cela, NOUS CONTINUERONS DE LE PRENDRE.

Ils nous doivent nos compagnon-ne-s en prison et en cavale : Abraham Cortes, Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas, les compagnon-ne-s en cavale Mario López, Felicity Ann Ryder, ils nous doivent nos compagnon-ne-s en prison et en grève de la faim en Grèce, celles et ceux sous représailles de l’opération Pandora dans l’État Espagnol Francisco Solar et Mónica Caballero et d’autres, notre compagnon Diego Ríos et Tamara, ils nous doivent tous ceux-là et d’autres encore, et nos morts. Solidarité !

Ils nous doivent nos villages affectés par le PIM (Projet Intégral Morelos), et à ceux qui sont toujours en conflit ; Chalchiuapan, Canoa, San Andrés et San Pedro Cholula, les villages en résistance contre les mines dans la Sierra Norte. Ils nous doivent José Luis Tlehuatle, ils nous doivent nos compagnon-ne-s emprisonné-e-s par l’État dans cette région. Parce que tant qu’ils continueront de nous tuer, nous continuerons d’attaquer. Et si la justice n’existe pas, elle est à faire de nos mains.

II

Ils rêvent de révolution ordonnée, de principes en bon ordre, d’anarchie sans turbulences. Quand la réalité prend un pli différent, ils crient immédiatement à la provocation et hurlent jusqu’à être entendus par la police. Les révolutionnaires sont des gens pieux. Pas la révolution.
La Joie Armée; Alfredo Maria Bonanno

Les enjeux que les anarchistes latino-américains avons devant nous sont multiples et exigeants. Renforcer nos groupes affinitaires et organisations spécifiques. Participer aux conflits réels et aux mouvements sociaux pour élever leur niveau d’autonomie, d’indépendance et leurs capacités autogestionnaires, réactualiser nos postulats en réinventant ce qui nous fait défaut et étendre nos valeurs, et pas nos étiquettes, dans de larges couches de la société qui découvrent peu à peu que les gouvernements progressistes sont la même oppression que d’habitude avec une façade différente, et qui fidèles à l’esprit rebelle de la nature humaine, chercheront d’autres alternatives”.
Rafael Uzcátegui

Notre énergie se répand dans le vent, nos idées violentes marchent sur la mer en furie, ces gestes libertaires en sont venus à se concrétiser, ont dépassé la facette de la passivité réformiste et conciliatrice, parce que notre lutte ne se réduit pas à 43 raisons, parce que notre lutte ne cherche pas à se fédérer ni à créer les grandes plate-formes politiques et organisations de gens malléables dans d’insipides assemblées populaires où les factions gauchistes et modérées sont majoritaires, notre lutte ne vise pas la prise du pouvoir, mais sa destruction complète.

L’analyse à faire, face à une conjoncture du type “Ayotzinapa”, est que la tendance anarchiste doit être indispensable, que le processus insurrectionnel porte avec lui de nombreux éléments qui peuvent articuler les nombreux projets insurrectionnels basés sur l’affinité idéologique et même émotionnelle, où la potentialité de partir à l’assaut du ciel et de la terre pour les retourner contre nos ennemis (l’État et les gauchistes) a été et continue d’être la tâche des acrates. Nous ne sommes pas une conjoncture, nous sommes plutôt et serons toujours présents pour que l’insurrection se généralise, provoquant la tension et le conflit permanent entre État-société. L’échappée, la sortie, l’autre voie, nous pensons que ce sont les communes autonomes et coordonnées, une deconstruction du monde présent par des propositions antagoniques qui partent de l’appui mutuel, la solidarité, l’horizontalité et l’autogestion.

Nos coups vont au-delà de la simple revendication nihiliste, nous sommes une hémorragie d’émotions vives et joyeuses de construction, nous sommes la continuité de nos ancêtres dans la rébellion, nous sommes cette odeur de dynamite que les Magonistes ont laissée dans leurs attentats contre le gouvernement, nous sommes la balle inoubliable qui a fait face à la mort de Práxedis Guerrero, nous sommes ces rêves d’une société libre que nous ont laissé nos parents et grand-parents, nous sommes l’action multiforme surgie de tant d’émotion.

Nous prenons position !

Pouvoir populaire dans l’anarchisme ?

Nous dénonçons et rendons notre posture publique, parce que nous ne voulons pas chercher de modèles socialistes qui conduisent à la création d’un nouvel État à travers l’attirail de la démocratie participative, parce que nous ne ferons pas le travail « politique » d’organisations de guérilla marxistes-léninistes-maoistes (EPR-ERPI). Parce que le pouvoir ne se socialise pas, il se détruit, parce que les processus autonomes en Amérique Latine nous ont enseigné que se laisser convaincre par cette « nouvelle tendance libertaire » serait notre fin et la mort de l’anarchisme, parce que le simple fait de normaliser le mot POUVOIR dans le langage libertaire nous répugne, parce que le pouvoir collectif n’est pas l’absence de pouvoir, parce que le capitalisme collectif n’est pas l’absence de capital, parce que le marxisme est le résultat de l’appauvrissement politique, parce qu’il ne peut exister de réconciliation lorsque nous marchons sur des chemins totalement opposés, parce que pouvoir en politique aboutira toujours à POUVOIR SUR, parce qu’un pouvoir populaire ne sera pas moins prépotent et autoritaire uniquement parce qu’il porte la marque « pouvoir du peuple ». L’anarchisme n’est pas un pouvoir populaire, il ne l’a jamais été et ne le sera jamais.

III

La force d’une insurrection est sociale, pas militaire. La mesure pour évaluer l’importance d’une révolte généralisée n’est pas la classe armée, mais au contraire la dimension de la paralyse de l’économie et de la normalité
Quelques notes sur l’anarchisme insurrectionnaliste

Pendant ce temps, nos idées avancent, trouvant un champ fertile dans les désenchantements politiques fréquents dont souffrent ceux qui croient encore à la nécessité d’avoir un muletier qui leur tanne le cuir à coup de bâton pour qu’ils puissent, comme les ânes, avancer sur le chemin de la vie.
R.F.M.

Voilà notre Proposition !

En tant qu’anarchistes, la révolution est notre point de départ et notre référence constante, et celle-ci doit être construire dans le quotidien individuel et collectif, par de modestes et honnêtes efforts qui aient les caractéristiques libératrices d’une révolution sociale. Ces tentatives peuvent se traduire en insurrections qui poussent les exclu-e-s et les exploité-e-s à générer un flux de rébellion et d’insoumission qui puissent conduire à une explosion sociale, les luttes doivent se dérouler dans le ici et maintenant, le projet insurrectionnel doit être à la mesure de la propagande et de l’agitation.

Coordination autonome et horizontale !

Des temps forts s’approchent, le processus insurrectionnel est encore plein de potentiel, nous n’appelons pas à ne pas voter, et encore moins au dit « vote de sanction », nous appelons les anarchistes de praxis à un boycott catégorique des processus électoraux : JUIN NOIR, une proposition de coordination, d’action et de diffusion libertaire contre les processus électoraux. Nous faisons un appel à tous ceux qui sentent une affinité avec ce texte, à occuper les quartiers, les villes, les villages, les écoles, les centres de travail, paralyser l’économie, détruire ce qui nous opprime, construire ce qui nous fait vivre en liberté, brûler leurs patrouilles, leurs banques, leurs bureaux de vote, allumer des barricades n’importe où, exploser leurs jugements avec leurs prisons et leurs matons, faire s’effondrer leurs institutions, enterrer leur maudite paix sociale, détruire toute tentative d’État et collectiviser la vie.

Nous revendiquons et assumons la responsabilité de l’attentat explosif contre l’INE (Institut National Electoral), le matin du vendredi 27 mars autour de 3 heures du matin avec un engin artisanal, dans la ville de Puebla, entre les rues de 35 oriente entre 16 de septiembre et 2 sur.

Il est surprenant de voir comment l’État occulte cet événement avec tous ses moyens de communication, tout comme il occulte l’incarcération de deux jeunes femmes qui protestaient sur la place de cette ville un jour plus tard, tout comme il occulte un grand nombre de prisonniers politiques des conflits dans les villages, mais nous sommes là pour le dire : moins de 5 minutes après avoir placé l’engin explosif, il a explosé en créant des dégâts matériels au bâtiment. Mais c’est ça, la réalité ! A moins de 2 mois de leurs élections pourries, ils tenteront de taire toute tentative de sabotage contre leurs institutions.

Sans en dire plus pour le moment, un seul cri, un seul sentiment, beaucoup d’essence, beaucoup d’explosions et surtout beaucoup d’insurrection.

Contre toute forme de pouvoir !

Pour l’expansion du conflit et l’insurrection généralisée !

Guerre sociale sur tous les fronts !

La passion de la destruction est une passion créatrice !

Feu au système électoral et aux institutions de l’État-capital !

27 mars
Territoire administré par l’État mexicain
Longue vie à l’anarchie !

PS : Solidarité directe du Mexique à l’Espagne avec les prisonnier-e-s de la deuxième phase de l’Opération Pandora.

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