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[Italie]: Sortie du deuxième numéro du journal anarchiste en langue italienne Vetriolo

Du temps est passé. Après un an, nous publions un numéro de Vetriolo, le deuxième. Jusqu’ici nous n’avons pas donné une périodicité plus fréquente au journal, nous ne l’avons pas voulu. Ce n’est pas qu’en cette période nous n’avions rien à dire, au contraire. Nous n’avons d’ailleurs jamais cherché à donner une régularité à cette publication, ce qui, de par sa forme (et avec des textes d’agitation, d’analyse et d’« actualité » plus ou moins brefs et concis, et avec des articles théoriques plus développés et compliqués) ne lui irait pas. En même temps, nous désirons faire paraître le journal dans des temps pas trop espacés. Nous pensons que ce journal est quand-même un instrument important pour le mouvement anarchiste, au-delà des temps de ses issues. Les pages de Vetriolo ont toujours été et continueront à être un moyen pour la discussion, la confrontation et l’affrontement entre anarchistes. Ce journal continuera à donner de l’espace et du temps au dialogue et au débat entre révolutionnaires, même à ceux qui se trouvent enfermés. Dans ce numéro il y a des écrits et d’articles de Marco, Anna et Alfredo, emprisonnés à la suite de l’opération répressive « Scripta manent » du 6 septembre 2016.

Les anarchistes se sont toujours appropriés des instruments pour alimenter, à travers le débat et les actions, les idées anarchistes et l’anarchisme lui-même. Dans ce journal, on essaiera de continuer à donner de l’espace et du temps au débat, à la polémique, à la réflexion, à l’approfondissement, à l’analyse. Nous ne nous lassons pas de le répéter : il s’agit d’aspects que nous pensons bien distants et différents des bavardages, des oppositions stériles, des lieux communs et des embrouilles qui, à notre avis, affligent certains milieux du mouvement anarchiste. Dans cette optique, ce journal ne sera jamais représentatif d’une quelque faction, « tendance » ou ligne à suivre ou à laquelle se conformer. Nous n’avons pas de pensées à contempler, de personnages à admirer et non plus des drapeaux à brandir. Nous avons, par contre, la conscience de la profonde différence entre certaines convictions et d’autres. Nous avons la conscience que la renonciation à l’anarchisme signifie la renonciation à toute possibilité révolutionnaire et subversive. Nous avons la volonté et l’intention de mettre au ban toute superficialité mesquine.

Il paraît qu’aujourd’hui on se contente, toujours plus et à toujours plus nombreux, d’assimiler des faits et des notions facilement mémorisables et partageables. Les bien-aimées choses objectives, immédiates. Rien de trop compliqué, et très peu sur quoi réfléchir. Il y en a qui exaltent l’ignorance elle-même, rejetant « la théorie » comme quelque chose d’inopportun, d’ennuyant, de secondaire. Comme quelque chose d’autoritaire, même. Ça peut arriver qu’on nous dise qu’on veut « arnaquer » et duper quelqu’un même si on exprime seulement ses idées. Ignorance révolutionnaire ? Bien sûr que non. Ces misères sont typiques de ceux qui n’arrivent pas à percevoir comme complémentaires la pensée et l’action. Nous aimerions que l’on ne « profite » pas passivement de ce journal, que la pensée ne reste pas cristallisée parmi les lignes et les colonnes d’une publication, mais qu’elle puisse animer les débats qui existent parmi les anarchistes, participant à la clarification d’intentions et perspectives, donnant de l’espace aux différents aspects de la lutte antiautoritaire contre le pouvoir. Justement pour ça, nous invitons les compagnons qui en sont intéressés à se charger de la distribution du journal là où ils sont, de la façon la plus large possible, et nous les invitons aussi à nous faire parvenir leurs réflexions et critiques.

Nous savons qu’il s’agit d’un projet ambitieux. Ce journal recueille des pensées, mais il ne les recueille pas comme s’il était un simple conteneur. Il a la prétention d’explorer différents « filons » de lecture, d’analyse et de réflexion qui, d’un numéro à l’autre, seront approfondis et creusés. Pour chaque numéro, nous ne limiterons donc pas à rassembler des textes, des articles, à les mettre les uns après les autres dans le journal. De plus, une bonne partie des textes sont conçus et destinés expressément pour cette publication, ils ont une signification précise au sein de ce projet. Chaque fois, nous revenons sur l’analyse de questions, de pensées, d’idées que nous pensons importantes, nécessaires ou urgentes, et à travers elles nous voulons procéder dans la compréhension de la réalité qui nous entoure. Nous avons cette pugnacité, cette sorte d’obstination à laquelle nous ne voulons pas renoncer. Et le désir de comprendre n’est pas nécessairement synonyme de désir d’être compréhensibles pour n’importe qui.

Dans ce numéro, nous avons « découvert » une conspiration « spontanée » parmi les principaux articles rédactionnels, sur l’interprétation à donner à la révolution technologique en cours. Alfredo Cospito en a parlé dans son entretien, dont on a publié la première partie et que nous finirons de divulguer dans les prochains mois ; nous l’avons affrontée du point de vue philosophique touchant au « statut théorique » à (ne pas) donner au concept de Nature, en critiquant les malentendus métaphysiques courants dans les mouvements ambientalistes ; nous l’avons repris aussi d’un point de vue historique dans l’article dédié à la naissance de l’État, identifiant dans la transition entre les nommés Age de Bronze et l’Age de Fer le moment historique lors duquel les sociétés autoritaires mettent en oeuvre leur structure militaire et la division du travail que celle-ci nécessite. Mais nous ne nous sommes pas limités à la théorie : nous avons « osé » des interprétations qui sont fondamentales, à notre avis, pour comprendre l’actualité. Si dans le numéro précédent on avait observé la crise sociale que les nouvelles technologies auraient apporté aux classes les plus pauvres de l’humanité (à partir du thème du travail, un vrai tabou pour la réflexion anarchiste des dernières années), cette fois on est allés plus loin : nous avons fait l’hypothèse que les nouvelles technologies sont directement liées à la nommée « crise de la globalisation » (pourquoi exploiter un enfant au Vietnam, quand les patrons pourront « imprimer » leur chaussures directement avec des imprimantes 3D?) et que des phénomènes comme le Brexit, Trump, Orban, Salvini etc. sont le produit de cette tendance historique vers un nouveau nationalisme robotique.

En somme, des analyses théoriques générales pour saisir les instruments aptes à l’attaque du monde réel. Parce que, en renversant le slogan qui a été celui des altermondialistes, « un autre monde est impossible, c’est celui-ci que nous devons combattre ». On parle beaucoup de flexibilité, d’élasticité, de la capacité à être compris par les autres, du bonheur de savoir s’adapter aux temps qui courent (mais où ils vont, puisqu’ils courent?). En parlant d’élasticité, on sous-tend souvent l’art du compromis et en parlant du fait d’être compris, l’art de la médiation. Pour beaucoup de monde, cela signifie être flexibles, ce qui veut dire aussi devenir souples, malléables, manipulables et au même temps incroyablement rigides. Parce que ce monde, en un certain sens, nous a habitués à être rigides, d’une rigidité qui mène à porter des œillères et des chaînes bien ancrées dans la tête. Pourquoi élasticité et flexibilité doivent toujours forcément être synonymes de compromis et médiation avec une réalité qui nous dégoûte ? Nous pensons qu’on peut aller plus loin. La notre c’est l’élasticité du lance-pierre, une flexibilité qui vise à frapper plus fort. Justement pour cela nous réfléchissons, analysons et étudions l’État, le capital, la science, la technologie, l’économie, les misères de la politique, les sorts du mouvement révolutionnaire. Sûrement pas par plaisir, sûrement pas pour trouver un pré-carré pour de spécialistes pour un futur emploi.

Dans ce numéro :
– Elastici come una fionda
– 2007 – 2017. Dieci anni, fra rivolte e riflussi
– Convergenze parallele. Un contributo di Marco dal carcere di Alessandria
– Dal fronte popolare al fronte civile
– Monocultura 24 ore
– Tutta la verità…
– Considerazioni sulle gabbie della democrazia
– L’insostenibile pesantezza dell’essere scientifico
– I sogni di prigionia e la prigionia dei sogni
– Infiniti occhi
– Stupratore e padrone
– Contro l’anarchismo di Stato
– La nascita dello Stato
– Quale internazionale? Intervista e dialogo con Alfredo Cospito dal carcere di Ferrara. Prima parte
– I Nuovi Mostri: l’anarchismo “sociale ma non classista”
– Una storia sinistra. Seconda parte (1943 – 1962)
– La pacchia è finita

Une copie : 2 euros. Pour les distros, à partir de 5 copies : 1,50 euros chacune. Expédition en Europe : 5 euros environs. Gratuit pour les personnes emprisonnées.

Pour demander des copies, contacts, réflexions et critiques, ainsi que pour envoyer du matériel possiblement intéressant pour la rédaction du journal, le mail est : vetriolo(at)autistici.org

[Italie] Furor Manet

reçu 14/08/18
FUROR MANET
  Septembre 2016, l’opération Scripta Manent, dirigée par le procureur de Turin Sparagna, conduit à la détention de 8, entre compagnons anarchistes (hommes et femmes).

L’accusation principale : la constitution d’une association subversive avec la finalité du terrorisme. En outre, les compagnons anarchistes sont accusè-e-s des differentes attaques, toutes portant la signature de la FAI (Fédération Anarchiste Informale) et FAI/FRI (Fédération Anarchiste Informale, Front Révolutionnaire International). Actuellement, les compagnons anarchistes (cinq hommes et une femme)  se trouvent encore en prison, une autre est assignée à résidence.
Au même temps, dans la salle bunker de la prison de Turin, le procés continue à un rythme soutenu. Foules des flics se succédent sur la scène du tribunal avec la prétention de reconstruire l’histoire du mouvement anarchiste contemporain. Le début est placé, comme on a dejà vu plusieurs fois, à l’époque de l’affaire Marini, dans les annèes 90. De ce moment-là, le travail obsédant et incessant des voyeurs de profession, les conduit à énumérer les détails intimes ou insignifiants, volés de nos vies et nos rélations. Une répresentation des nos vies patéthique et qui nous laisse tout à fait indifferent-e-s.
Dans les différences individuelles, dans les confrontations âpres et parfois chargèes des tensions contrastantes, se trouve l’histoire du mouvement anarchiste, celle de chacune et chacun de nous, avec limites et contradictions.

À cette histoire appartient les pratiques révolutionnaires, dont certaines se trouvent aujourd’hui sur le banc des accusés à Turin.
C’est aujourd’hui plus que jamais que soutenir les pratiques révolutionnaire signifie également lutter contre la répression de l’État, qui voudrait enterrer les compagnons anarchistes (hommes et femmes) sous des annèes de prison et anéantir l’histoire du mouvement anarchiste.

Pas de retour, pour l’Anarchie.

Cassa antirep. Alpi Occidentali

[Italie] “À chacun sa vérité. Réflexions et actualisations à propos du procès Scripta Manent”

Les audiences concernant le procès Scripta Manent sont en cours (de mars à juillet). Les réflexions suivantes – dont l’auteur est l’anarchiste Anna Beniamino – publiées en mars, sont datées de janvier 2018.

https://attaque.noblogs.org/post/2018/04/02/a-chacun-sa-verite/
Cliquez sur l’image pour lire

Source: Croce Nera Anarchica

en portugais

Italie : mise à jour sur l’Opération Scripta Manent

Le procès commence le 16 novembre dans le tribunal de prison de haute sécurité de Turin.

Les camarades anarchistes Alfredo Cospito, Anna Beniamino, Danilo Cremonese et Nicola Gai ne sont pas autorisé-e-s à suivre le procès dans la salle du tribunal, illes vont être soumis-es à une vidéo-conférence à l’intérieure même de deux ailes de Haute Surveillance où illes sont détenu-e-s.

Les camarades anarchiste Marco Bisesti, Valentina Speziale, Alessandro Mercogliano sont autorisé-e-s à suivre le procès dans le tribunal mais illes refusent de prendre part à ce procès en solidarité avec les camarades soumis-es à la vidéo-conférence.

en anglais, portugais, allemand, espagnol

[Italie] : Sortie du n° 1 du journal anarchiste Vetriolo

Nous avons enfin publié le n° 1 du journal anarchiste [en langue italienne ; NdAtt.] Vetriolo. Au même temps nous avons aussi réimprimé le n° 0, pour celles et ceux qui nous en ont récemment demandé des copies, finies depuis longtemps. Après plusieurs mois de censure, le texte du compagnon anarchiste Alfredo Cospito, écrit l’hiver dernier pour le numéro précédent du journal, est arrivé ; cette lettre avait été bloquée et confisquée par le juge inquisiteur Sparagna, mandant de l’opération « Scripta manent ».

Dans ce nouveau numéro il y a la place pour creuser les questions ouvertes dans le précédent, notamment sur la question de la ville, sur le frontisme et l’internationalisme, sur l’histoire du mouvement des exploités et il y a aussi la continuation de la tentative d’analyse et d’élaboration d’une théorie anarchiste de l’État. En plus, nous avons analysé aussi d’autres questions : une réflexion éthique sur le concept de cohérence, une autre sur la survie dans les espaces urbains et sur les modifications qui y ont lieu; un article d’analyse sur la technologie, plus précisément de la robotique, d’un point de vue écologiste et de ses conséquences sociales et anti-sociales. Nous donnons un espace important à la thématique de la « guerre ». Avec notre ton souvent âpre et avec des articles polémiques, nous souhaitons toujours le débat et la croissance du mouvement anarchiste révolutionnaire.

Les textes :

— La finestra sul porcile
— Contro la guerra, contro la pace
— Tempi maduri
— Azione e reazione
— In nome della coerenza
— L’unica amministrazione possibile
— Tradire il fare
— Il dominio tecnologico tra ideologia e realtà
— L’ora di ricreazione
— Un contributo a proposito di frontismo e internazionalismo
— Lo Stato non è un’app
— Una storia sinistra
— Scritto di Alfredo Cospito dal carcere di Ferrara

Pour contacts ou pour avoir des exemplaires : vetriolo@autistici.org
Un exemplaire : 2 euros. Pour distributions, à partir de 5 exemplaires : 1,5 euros. Expéditions en dehors de l’Italie: 3,50 ou 4,00. Gratuit pour les personnes prisonnières.

en italien

Vienne, Autriche : Attaque contre l’embassade italienne – Solidarité avec les anarchistes incarcéré.e.s

Reçu le 25 mai
Hier dans la nuit, pour exprimer activement notre solidarité, nous avons attaqué le consulat italien à la bombe de peinture.
Pour la libération immédiate d’Antonio, Antonio & Francisco, emprisonnés depuis le 3 mai.
Pour la fin de l’assignation à résidence d’Giada, Fabiola & Camille.
Il leur est reproché de s’être opposés à une razzia policière dans leur quartier en février dernier.

Trento, Italie : Entre suie et mensonge – sur l’attaque à la Faculté de Science de Povo (Italie)

On a pu lire, ces jours-ci, la nouvelle du lancement de plus de cinquante missiles sur la Syrie, pendant que les porte-avions américain sont en route vers la Corée du Nord. Dans les tensions diplomatiques entre États, on respire un climat de guerre qui se rapproche. Mais, plus que se rapprocher, la guerre est un affaire quotidien : il n’y a pas de déclaration d’attaque d’un État envers un autre, pas de signatures officielles. Seulement des bombes. Loin des populations et des pays martyrisés, par contre, la guerre devient “invisible”.

Pendant tous ces années, l’industrie militaire, désormais indistinguable de celle policière-répressive, est allée de l’avant sans cesse; il parait que la guerre n’effleure même pas les consciences du plus grand nombre. Cependant, ne pas faire le lien entre les missiles qui détruisent les villes syriennes avec la violence indiscriminée des attentats de Paris, Bruxelles, Nice, Berlin, Londres, Stockholm, est une cécité toujours plus dangereuse.

Dans la nuit entre le 7 et le 8 avril, des inconnus ont attaqué par le feu le laboratoire Cryptolab, situé dans la Faculté de Science de Povo (Trento). Le feu a détruit le laboratoire et la suie a rendu inutilisable tout la structure. Il parait que le dégâts sont d’un demi million d’euros. Le Président de la Faculté, Collini, et le Directeur de Cryptolab, Massimiliano Sala, continuent à dire que ce laboratoire n’a jamais collaboré avec avec des entreprises militaires ou des armées : cela est une sale mensonge. Il suffit de survoler le CV de Sala pour découvrir le contraire : en 1996 il a été “Garde-côte avec des taches de recherche”, pour collaborer par la suite avec le centre de recherche de a Défense ORMEDIFE; de 2003 à 2007 avec STMicroelettronics, une entreprise qui travaille dans les secteurs de la défense et de l’aérospatiale, du 2010 jusqu’à aujourd’hui avec TESLY dans le secteur de la cryptographie, le Ministère de la défense dans celui de la cryptanalyse, avec le Gouvernement toujours dans le secteur de la cryptographie. Ou bien on peut consulter les sites de la Faculté pour comprendre tout de suite quel type de recherche est faite dans ce laboratoire. Entre septembre 2013 et aout 2016, FBK et Cryptolab ont collaboré avec Thales Alenia Space, du groupe Finmeccanica, un des plus grand producteur d’armements au monde. La Thales a entre autre construit les drones utilisés pour les bombardements en Afghanistan.
Celles qui touchent à Cryptolab sont seulement quelques unes parmi les collaborations entre L’université de Trento et l’industrie de la guerre.

La guerre de l’Occident revient en arrière de la façon la plus brutale, mais les bombes, les gaz chimiques, les armes atomiques sont beaucoup plus assassines et lâches des camions lancés sur la foule.

Des millions de morts ne sont pas une opinion. Les technologies au service des porte-avions, satellites, bombardiers, chars armés, sont crées dans des laboratoires à côté de chez nous.

La violence du feu anonyme de la nuit de vendredi était précise et visée : une attaque contre la violence indiscriminée de la guerre. Seulement un être abject comme un conseiller provincial du Parti Démocratique aurait pu mettre au même niveau l’action de Povo et l’incendie (un possible massacre) de centre d’accueil de réfugiés de Roncone (LIEN §§). Il y a un abyme éthique qui sépare ces deux actions. Le même abyme qui sépare celui qui aspire au barbelé et celui qui aspire à la liberté.

Dans la guerre contre les cerveaux, le confusionnisme est l’arme la plus sournoise.
Heureusement quelqu’un, de temps à autre, amène un peu de flambante clarté.

anarchistes antimilitaristes

Florence, Italie : Contribution à propos de la récente opération répressive (“Opération Panico”)

Le 31 janvier, à Florence, une opération répressive contre des anarchistes, menée par la DIGOS, a amené à l’application de « mesures préventives » (misure cautelari) pour dix personnes.

Trois d’entre elles  – Filomena, Carlotta e Michele – sont maintenant assignés à résidence (obligés à rester chez elles) avec toutes les mesures restrictives, alors que pour les sept autres a été ordonné un mélange de mesures restrictives (interdiction de sortir de la ville, obligation de rentrer chez eux le soir, obligation de pointer) combinées entre elles de diverses manières selon le cas. Les délits reprochés à divers titres à 35 compagnons et compagnonnes sont résistance et blessure sur un agent de la force publique, transport de matériel explosif, dégradations et tags, vol et résistance, et d’autres encore. Douze personnes sur 35 sont inculpées pour associations de malfaiteurs, avec une claire séparation entre chefs et subordonnés.

La police a aussi saisi l’occasion pour « évacuer » Villa Panico (guillemets nécessaires, vu qu’à l’intérieur ils n’ont trouvés ni personnes ni choses).

L’enquête part de 5 épisodes, tous à Florence au cours de l’année 2016 : attaque de la librairie « Il Bargello » (librairie des fachos de Casa Pound) par quelques dizaines encapuchonnés (14 janvier) ; engin explosif rudimentaire nocturne contre la même librairie (3 février) ; banquet antimilitariste en Place Sant’Ambrogio, au cours duquel plusieurs compagnons ont été enlevés de force et conduits au commissariat ; bagarre entre des compagnons et des dizaines de flics suite à un contrôle raté par une patrouille, trois compagnons (Michele, Fra, Alessio) ont été arrêtés (21 avril) ; manifestation solidaire à Oltrarno pour les arrestations des jours précédents (25 avril).

L’enquête NE porte PAS sur l’attaque du Nouvel An contre la nouvelle librairie « il Bargello » au cours de laquelle s’est blessé un artificier de la police imprudent, cependant le fait est cité dans l’enquête pour appuyer les mesures.

NE NOUS DEMANDEZ PAS DES FORMULES

À propos des arrestations du 31 janvier

« Ne nous demande pas des formules qui puissent t’ouvrir des mondes, mais quelque syllabe difforme, sèche comme une branche. Aujourd’hui nous ne pouvons que te dire ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne voulons pas. »

Nous vivons des temps sombres, et pas seulement à Florence.
D’un côté une humanité aux trois-quarts noyés qui meurt de faim, bombardements, embargos contrôles militaires et policiers, détention et internement, travail salarié et migration forcée, racisme et frontière.

De l’autre une humanité aux trois-quarts chloroformés, qui parfois cherche à se battre contre une vie toujours plus misérable, le plus souvent mord aux sirènes du pouvoir. Haine entre pauvres, révérence pour les patrons, défiance envers ceux qui se rebellent. À Florence comme ailleurs, alors que la ville se transforme en une machine à faire des sous avec l’industrie du tourisme, ceux qui gâche la carte postale doivent être des bandits. Chasse au pauvre, à l’étranger, au subversif. Chasseurs dans les rues, avec leur respectives uniformes : bleues, noires, grises, treillis, mitraillette en bandoulière. Le centre historique désormais interdit aux manifestations, systématiquement encerclé ou directement chargé. Les fascistes s’organisent, ouvrent des locaux, des pubs, des librairies : de jour ils incitent à la guerre entre pauvres, italiens contre étrangers ; de nuit, dans la mesure où ils n’en sont pas empêchés, ils la pratiquent à coups de couteaux et de barres.
Ceux qui n’acceptent pas tout cela doivent être limités et enfermés.

Le 31 janvier, dans la foulée du désormais connu « boom » du Nouvel An de la via Leonardo Da Vinci – « boom » qui ne fait cependant pas partie de cette enquête – la police florentine a donné le feu vert à l’énième opération répressive, entrant dans différentes maisons, raflant des dizaines de compagnons dans les rues et notifiant 10 mesures a autant d’anarchistes. L’accusation principale qui leur a été montré, est « d’avoir constitué une association de malfaiteur pour défendre leur idéologie ». Deux compagnonnes, Carlotta et Filomena, désignées comme « chef », et un autre compagnon, Michele, sont mis aux arresti domiciliari [obligés à rester chez eux 24h sur 24. NdT], alors que des restrictions sont imposées à sept autres (interdiction de sortir de la ville, obligation de rester chez eux le soir, de pointer au commissariat, combinés différemment selon la personne).

Avec un nombre d’hommes énormes – on parle de 250 – la police fait irruption dans le squat Villa Panico pour l’évacuer, mais trouve un endroit déjà abandonné, une aventure déjà terminée et un cache-pot de fleurs qu’elle décide de faire sauter. C’est le spectacle de la répression.

Peu de réflexions, peu de formules, mais des faits qui parlent tous seuls.
Il arrive, à Florence, place S. Ambrogio, que quelques compagnons qui font un banquet contre la guerre et l’armée dans les rues soient encerclés et embarqués par la Digos, non sans réticences. Pour le code pénal, c’est un délit de résistance à agent de la force publique. Ne nous demandez pas des formules.
Il arrive, à Florence, au terme d’un concert sur Lungarno Dalla Chiesa, que le refus de décliner son identité déchaîne des dizaines et des dizaines de flics contre les participants, coupables d’être encore vivants et solidaires. Une bagarre s’ensuit. Pour le code c’est une résistance à circonstances aggravantes. Ne nous demandez pas des formules.

Mais il arrive que certains s’organisent pour occuper les maisons et les défendre, pour contester les militaires et les forces de l’ordre, empêcher la propagation de la violence fasciste, de la seule manière possible : agir directement contre l’oppression. Il arrive que les sièges fascistes reçoivent la critique de la peinture, du pavé et de l’explosif ou que la solidarité pour les arrestations du Lungarno envahisse les rues de San Frediano un 25 avril, sans demander la permission et laissant leurs traces sur les murs. Pour le code, prendre partie ou ne serait-ce que défendre ouvertement certains faits, c’est de l’association de malfaiteur.

Mais à ce propos, nous avons deux mots à dire, et on les dit.

Ce que nous ne sommes pas c’est une misérable association hiérarchique. Nous ne sommes ni des serviteurs qui votent sans bouger un orteil, ni des subordonnés qui attendent les ordres de chefs ou des « cheffes » pour agir.

Ce que nous ne voulons pas c’est passer notre vie à nous laisser exploiter et commander. Pour cela nous ne pleurons pas quand quand nos ennemis recueillent un peu de leur violence. Les larmes nous les réservons à ceux qui meurent sur les chantiers, dans les casernes, au milieu de la mer, en prison, aux frontières ; certainement pas pour les vitrines des fascistes, pour les rapports hypocrites des flics ou pour les murs d’une ville que l’Unesco déclare « patrimoine de l’humanité », alors qu’elle toujours plus dans la main des hommes d’affaires et des spéculateurs.

Ce que nous ne voulons pas, finalement, c’est que l’ennemi puisse nous diviser, avec la langue de bois du code pénal. Nus ne savons pas si ces compagnonnes et ces compagnons ont commis tout ce dont ils sont accusés. Nous savons seulement de quel côté de la barricade ils luttent, et cela nous suffit pour nous serrer autour d’eux.

Pour en finir avec ce monde. Pour en ouvrir, peut-être, de nouveaux. Mais pour cela, les formules seules ne suffisent pas.

SOLIDARITÉ AVEC FILO, CARLOTTA E MICHELE !
Solidarité avec les compagnon.ne.s frappé.e.s par les mesures !

Assemblée solidaire sans chefs ni patrons
Florence, 03 février 2017

 

France : Un utilitaire d’Engie incendié à Paris

SCRIPTA MANENT ? ACTA NON VERBA !

Face à la répression qui frappe des compagnon.ne.s anarchistes en Italie (Opération Scripta Manent), face à nos ennemis qui sont l’Etat et le capital, nous pensons encore et toujours que la meilleure solidarité c’est l’attaque. Elleux payent pour des actes qui appartiennent à tous les anarchistes à travers le monde. Nous voulons leur envoyer une marque de notre proximité avec des actes. Contrairement à d’autres ici et ailleurs qui se contentent d’un peu de rhétorique sur leurs sites internet.

La nuit du 3 au 4 octobre rue Candale prolongée à Pantin, nous avons brûlé un utilitaire d’Engie entreprise qui collabore avec l’Etat à l’enfermement (gestion de prisons et de centres de rétention).

Feu aux prisons !
La solidarité c’est l’attaque !

Quelques autres anarchistes solidaires de Paris.

en anglais, grec, italien, portugais

Gênes : Sabotage contre la dictature technologique

CONTRE LA DICTATURE TECHNOLOGIQUE

La société actuelle peut sans aucun doute être décrite comme un système technocratique dans lequel la science effrenée et les produits qu’elle met sur le marché dominent et régulent la vie au niveau global.

Depuis qu’elles existent, les multinationales maintiennent leur contrôle sur la Planète à travers les Etats et les institutions internationales (ONU, UE, FMI, BCE).

La société hyper-technologique est la société parfaite pour satisfaire les 2 exigences principales du Pouvoir : le profit et le contrôle social.

Grace à la science et à la technologie, élevées au rang de divinités modernes, le profit ne connait plus de limites : on passe de dispositids militaires en continuelle évolution à l’incroyable quantité de produits inutiles voués au commerce.

D’autre part, le contrôle social et de la vie ne pourra qu’être plus capillaire, passant des simples caméras de vidéosurveillance à l’utilisation des nanotechnologies.

Les personnes, qui sont désormais privées de toute autonomie et de volonté propre, sont introduites dans le fabuleux monde de la science à travers un accès partiel et fictif à la technologie.

Avec cette chimère de l’amélioration de la qualité de la vie, les seuls effets réels sont une production frénétique, l’atrophisation des esprits et des capacités de chacun-e, l’effacement des émotions réelles, et donc de la vie en tant que telle.

Tout cela alors que ce qui reste de la nature est dévasté devant nos yeux pour construire de grandes oeuvres qui permettent de faire voyager ces marchandises plus rapidement et de les repérer avec encore plus de facilité.

Tout cela alors que la télévision transmet dans l’indifférence générale des images de peuples massacrés et réduits à la faim pour exploiter les ressources indisensables à l’augmentation de la fabrication de ces marchandises.

Pour une fois, nous avons simplement décidé de passer outre le contrôle et de menacer le profit de la société technocratique.

Nous avons mis le feu aux câbles d’alimentation d’une centrale de télécommunications appartenant à Italsite Spa, entreprise spécialisée dans le secteur en Italie et en Europe.

POUR LA LIBERATION IMMEDIATE DE MARCO CAMENISCH

EN SOLIDARITE AVEC LES ANARCHISTES INCARCERE-E-S EN ITALIE, AU CHILI, EN GRECE, EN ESPAGNE ET AU MEXIQUE

en italien / espagnol, grec

Milan : à propos des dernières expulsions et arrestations

Anti-cop stencilQuelques mots sur les événements de vendredi 15 mai à Milan :

A Quarto Oggiaro story.

Le comico de Quarto Oggiaro a déclaré la guerre aux anars !

Des poulets qui essaient de nous le faire payer, sacrée nouvelle !

Mais commençons par le début.

Les perquisitions ont commencé juste avant le 1er mai. Avec l’arrogance habituelle de la flicaille : des charges dans le marché, des dizaines de CRS qui s’amusent avec leur jolies matraques, la DIGOS qui filme pour avoir son quota de plaintes. Une camarade arrêtée pour résistance et coups.

Rien de nouveau, en somme.

Le 12 mai la situation devient «étrange» : une patrouille de 8 individus louches rentre dans un des bâtiments déjà fouillés, à un moment où il n’y a personne, pour y effectuer une nouvelle perquisition. Des camarades interviennent rapidement pour comprendre ce qui se passe. Pour toute réponse, des insultes et des phrases très raffinées genre « C’est la police, on fait ce qu’on veut », mais apparemment la simple menace d’un appel à l’avocat a suffi à les faire déguerpir d’un air désorienté. C’était qui ? Les Digos ne sont pas des lumières, mais ils ne sont pas si maladroits non plus.

Le matin du 15 mai plus aucun doute : nouvelle expulsion, clairement pas inattendue, des deux apparts d’une camarade et d’un camarade, appartements gérés par MM. Il s’agit de la deuxième expulsion de ce genre dans l’espace d’un mois, on connait le scénario. Une présence massive de CRS a rendu impossible toute intervention directe des soutiens qui voulaient empêcher l’expulsion. Nous avons décidé de rester pour protéger les camarades menacé-e-s d’expulsion et essayer de défendre leur affaires. Il y a quelque chose qui cloche, beaucoup de nouveaux visages, beaucoup de flics en civil, une quantité disproportionné même, ils sont presque aussi nombreux que les CRS. Pas beaucoup des visages tristement connus, quelques digosini par ci par là, quelques fonctionnaires et une poignée de ces salauds qui ont malheureusement l’habitude de se mettre sur notre route. Moment tendu: on essaye de reprendre quelques cartons d’un camarade qui vient d’être expulsé, et qui avaient entretemps été chargés sur une camionnette de MM. Une petite charge de dispersion nous repousse définitivement, la camionnette s’en va. Le calme revient. La tension redescend. Peu à peu le rassemblement se disperse tandis que l’on attend que l’on charge dans les fourgons les dernières affaires et que ceux qui n’ont désormais plus de domicile se joignent à nous. Loin de nos regards deux solidaires sont arrêtés, un troisième arrive à s’enfuir. Au rassemblement il y a de la nervosité, on ne comprend pas de suite ce qui se passe. Nous essayons de nous libérer de la flicaille. Nous sommes encerclé-e-s, un camarade se fait plaquer à terre et arrêter.

Le jour suivant procédure en réfèré, accusations habituelles : résistance et coups.

Les camarades sortent après une journée exténuante passée au tribunal en attendant une décision à propos des mesures judiciaires qui semble ne jamais tomber.

Tou-te-s dehors, deux sous contrôl judiciaire avec signatures obligatoires, un sans aucune contrainte.

Le procès reprendra un autre jour.

On s’embrasse et ils/elles commencent leurs récits, tout se fait plus clair.

Leur arrestation a été effectuée par des agents en civil du comico de Quarto Oggiaro, particulièrement violents et grossiers. Ils/Elles y ont été amené-e-s et gardé-e-s pendant des heures, entre insultes et méchancetés. Parmi lesquelles ne pouvaient pas manquer les “Vous aimez tabasser les keufs ? Maintenant c’est à nous de nous amuser !”, “Nous vous avons déclaré la guerre !” et autres boutades de ce genre. Il/Elles ont passé la nuit à San Vittore, d’où ils/elles ont pu entendre un salut affectueux.

Apparemment la flicaille n’a pas aimé que le 1er mai leur chef de bande – le préfet adjoint de Quarto Oggiaro – aie été tabassé devant les caméras et les photographes.

Quel échec pour leur machisme de voir leur mâle dominant massacré par une bande de tiques* devant le monde entier.

On voit que ton caractère insurgé grandit trop…

Maintenant, ils cherchent leur revanche et voudraient répandre la terreur.

Ils seront déçus.

MM mérite une dernière note en marge. Nombreux sont ceux qui restent perdu-e-s face à l’augmentation des expulsions, mais comment s’en étonner ? Exemple classique d’une administration de “gauche” en difficulté et qui essaie de se rattraper en copiant la politique des “droites” et se saupoudre avec l’imaginaire sécuritaire aux dépens des misérables. Parmi lesquels on retrouve, naturellement, la catégorie variée des squatteurs. Et il est certain qu’ils essaient d’abord d’éliminer le « cancer » des subversifs des bâtiments qu’ils souhaitent nettoyer. Comment pourraient-ils se permettre de laisser rallumer pendant l’Expo les foyers de révolte représentés par les barricades de Giambellino et Corvetto en novembre ?

Vous pensez peut-être nous avoir fait peur, nous avoir effrayés au point de nous faire nous cacher en attendant des jours meilleurs. Si ça se trouve vous êtes en train de jubiler à l’idée d’avoir réussi à imposer votre paix sociale à coups d’expulsions, arrestations et matraques.

La répression n’arrêtera pas nos luttes.

Et ce ne seront pas des marionnettes en uniforme qui nous feront peur.

Des individualités anarchistes

Note de Contra Info : *zecche, qui était le petit nom que les fascistes donnaient aux “rouges”, aux communistes et aux anarchistes, et que l’on entend encore parfois dans les couloirs des commissariats.

Italie : Notes en marge de la manifestation No Expo du 1er mai à Milan

L’un des rédacteurs du projet éditorial de Crocenera, Lello Valitutti, s’est retrouvé isolé du reste des compagnon-ne-s sur la fin de la manifestation No Expo du 1er mai en queue de manifestation. Lello estime important de faire savoir qu’à cette occasion, deux flics en civil se sont approchés de lui, l’ont frappé à la tête et proféré des menaces de mort (… “On sait qui tu es”, “on viendra te chercher chez toi”, “on te fera sauter le cerveau”, etc, etc…) et ont invité les policiers en uniforme présents à l’arrêter… ce qui n’est pas arrivé, car Lello se déplace sur un encombrant fauteuil roulan électrique, chose qui, comme on peut l’imaginer, en plus des difficultés logistiques pour effectuer une telle arrestation, provoquerait aussi quelques dégâts à l’image des défenseurs zélés de l’ordre.

Lello, au cours de ses innombrables années de lutte anarchiste, ne s’est jamais fait intimider par des provocations et malversations (à partir du lointain 1969 à Milan, dans les grèves de la faim et les incarcérations subies en Italie pour sa participation à Azione Rivoluzionaria, sans compter d’innombrables interpellations et arrestations dans des expériences de lutte en Amérique Latine), et ce ne seront pas deux gardes en civil qui l’arrêteront maintenant.

Loin d’un quelconque victimisme, il nous semble toutefois important de faire circuler ces nouvelles et nous invitons celles et ceux qui en ont connaissance, ou de choses similaires, de nous les envoyer ou, en tout cas, de les faire circuler… avec des photos… Parce qu’il est préférable de mémoriser tout de suite les visages de ces merdes.

Croce Nera Anarchica, 3 mai 2015

crocenera.org
croceneranarchica@autistici.org

en espagnol

Milan : Un peu de possible, ou nous suffoquerons

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Milan, manifestation no-expo du 1er mai 2015

Bienvenus dans le désert du réel… ou plutôt, bienvenus dans la désertique réalité que nous vivons chaque jour. Autour de l’Europe il y a quelques temps, et hier à Milan, nous vous avons fait goûter un peu de la dévastation avec laquelle la plus grande partie d’entre nous est contrainte de vivre chaque jour. Nous vous avons fait voir un peu de cette rage que beaucoup d’entre vous couvez probablement aussi sous la couverture d’une vie de misère. Nous vous avons claqué en pleine gueule cette guerre dans laquelle nous sommes engagés chaque jour dans nos quartiers et dans les villes dans lesquelles nous vivons. Cette guerre que vous vous obstinez à ne pas vouloir voir, cette guerre cachée sous les voiles médiatiques de la paix occidentale, uniquement menacée, selon ce qu’on nous dit, par les cataclysmes et les soit-disant terrorismes…

Et nous entendrons de nouveau le choeur de l’indignation civique : la violence des antagonistes, la folie aveugle des dévastateurs. Mais pouvez-vous vraiment être abrutis à ce point ? Arrêtez-vous une seconde, et essayez de regarder avec plus d’attention tout ce que la presse et la télévision ont produit ces jours-ci… puis descendez dans la rue, et confrontez-le à ce que voient vos yeux, ce qu’entendent vos oreilles et ce que vous disent vos tripes, avec la peur que vous avez de tout perdre, avec cette envie de faire vos affaires qui vous guide parce que vous vous sentez réduits à l’impuissance et que vous pensez que quoi que vous fassiez, tout restera comme avant. Essayez de vous mettre en jeu et à l’écoute, et peut-être réussirez-vous à comprendre…

Vous réussirez à comprendre que vous vivez véritablement une vie de merde. Et que vous dites très souvent qu’il n’y a rien à faire. Mais il n’y a que les cadavres qui parlent comme ça. Et peut-être, vu qu’il n’y a que de la mort autour de vous, que vous parlez vraiment comme des vieux sur le point de mourir. Et c’est le pays de merde dans lequel vous vivez, un pays de vieux. Vieux dans l’esprit, vieux dans les os. Par ici, les “jeunes politisés” sont plus vieux que les vieux, et la politique est la plus vieille habitude de toujours. Voilà pourquoi nous ne nous étonnerons pas en entendant, une fois de plus, les litanies du “mouvement” : on dira que des journées comme celle-ci peuvent le diviser, le “mouvement”, que les émeutes comme fin en soi ne sont pas valorisables sur un plan politique, et que les objectifs frappés étaient hasardeux et que “je comprends pour la banque, mais il ne fallait pas toucher les voitures”… Ceux qui utilisent ces arguments comme critique devraient peut-être commencer à vraiment se demander ce que signifient des journées comme celles-ci.

Commençons par le “mouvement”… cette chose étrange qui relie l’impolitique du peuple avec le politique de l’Etat. Cette maladie très italienne qui saborde souvent et a sabordé la poussée révolutionnaire. Et nous réentendrons peut-être aussi ses théoriciens s’aventurer dans de complexes analyses politiques, parler de 1977, de l’autonomie, diffuse, ouvrière et conneries diverses et variées. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi la fille de l’un des pires partis communistes d’Europe a pu échouer aussi misérablement ? Pourquoi la grande poussée révolutionnaire des années 1970 s’est fragmentée en tant de sigles et de sous-sigles, nous laissant en héritage autant de théories et trop de résignation ? Voilà, cette “internationale” de compagnons et compagnonnes qui luttent au quotidien sur les territoires, qui se rencontrent ici et là en Europe et sur les barricades, veut justement se débarrasser de tout ce marasme politique. Et nous espérons donc que la journée de Milan fasse également taire toutes ces embrouilles qui, tant qu’elles restent sur des questions de principe et qu’elles ne se mesurent pas à la lutte dans la rue, à la respiration du compagnon et de la compagnonne qui est à tes côtés et prend des risques avec toi, font le jeu de tous ces politiquards qui se cachent plus ou moins derrière leurs identités préfabriquées.

Et ainsi, tous ceux qui étaient dehors à Milan, déterminés à embellir un environnement urbain dégradé et prêts à affronter la police (qu’ils soient autonomes ou anarchistes) devraient avoir compris d’être en ce moment la seule force réelle, radicale et de rupture dans ce pays de fascistes, de balances, de délateurs et de démocrates-chrétiens. Et nous ne parlons pas des aires, qui resteront toujours séparées, mais des compagnons et des compagnonnes qui, pour l’énième fois, se sont retrouvés ensemble dans les rues. Et les relations, qui sont tout dans cette “internationale”, condensent des années et des années de luttes communes. Des luttes dans lesquelles c’est la vie qui est mise en jeu, des luttes qui combattent ce capitalisme qui a dévasté et pillé la planète et ses habitants humains et non-humains.

Et donc, ce qui est arrivé hier à Milan était vraiment la seule option possible. Face aux courbettes des habituelles figures connues, face à la peur des habituels petits groupes et face à la retentissante et évidente arnaque que représente l’Expo, il ne pouvait en être autrement. Au contraire, cela ne pouvait pas ne pas être fait. Il serait malhonnête de dire qu’il ne nous plait pas de sévir contre un monde de verre et d’acier, mais cette fois, l’occasion requérait véritablement un beau déchaînement destructif. Et à ceux qui chercheront à donner une signification politique à la manifestation, nous répondrons par un ricanement. En vérité, des journées comme celle-ci ne peuvent être capitalisées politiquement, elles n’expriment pas la rage des précaires ou de la plèbe (ou de quelque façon qu’on souhaite l’appeler), elles n’exhibent aucune puissance, elles ne produisent pas et ne viennent pas d’un sujet politique précis. Pour nous, des journées comme celles-ci expriment seulement un possible, elles sont, pour celles et ceux qui mènent tous les jours et sous diverses formes une guerre souterraine contre le capitalisme, une bouchée d’air frais.

Et à ceux qui viendront nous parler des raisons de la protestation contre l’Expo, nous ne disons qu’une seule chose : en ce qui nous concerne, l’Expo, nous n’en avons pas grand chose à foutre, pour ne pas dire rien. Nous devrions vraiment nous intéresser à une fanfaronnade aussi énorme ? Une exposition universelle de rien, qui parle de faim dans le monde, de capitalisme vert au visage humain ? Le cortège No Expo était une occasion, il y en aura une autre demain. Mais seulement si nous savons ou que nous tentons de réessayer le tour de magie. Parce que c’est vrai, même avec toute l’organisation du monde, il y a trop de variantes impossibles à prévoir et ce n’est qu’ensemble, tous et toutes ensemble, que l’on peut tenter, à chaque fois, l’impossible. Cette alchimie magique de courage, de détermination et, pourquoi pas, d’inconscience qui nous fait nous sentir en vie. A Milan, exactement comme on pouvait le lire sur les murs de Rome le 15 octobre 2011, “nous avons vécu”.

Et ainsi, Milan est égale à Francfort, à la vallée de Susa ou à la ZAD, ses rues sont celles de Barcelone comme celles d’Athènes ou d’Istanbul. Et les riot anglaises, de Baltimore, de Stockholm, de la méditerranée résonnent comme les mélodies d’une même musique. Une musique qui dit sans détours que vous nous avez fait chier. Que nous n’arrêterons pas de déranger vos rêves pleins de cauchemars, de saboter vos misérables vies pleines de sécurités on ne peut plus fragiles, de renverser vos peurs de citoyen actif. Nous sommes nombreux et nombreuses, et il est peut-être temps de commencer à comprendre de quel côté être.

Et peu de choses en ce monde nous font autant rire que la scène de tous ces citoyens milanais qui descendent dans la rue pour nettoyer, ou comme cette fille qui se fait un selfie devant une voiture brûlée… mais chaque époque a son ridicule, et voilà le nôtre…

Au final, vous avez voulu faire votre fête ? Votre belle inauguration ? Et bien… nous aussi.
Face à tous ceux qui se remplissent la bouche de démocratie, d’infiltrés et de violence. Et il ne sert ici à rien de rentrer dans le détail. Vous croyez encore qu’il y a des infiltrés ? Vous croyez encore qu’il peut suffire à ce monde d’être simplement réparé ? La démocratie, c’est ça, et tôt ou tard vous y suffoquerez.
Et ceux qui croient qu’il en existe une meilleure sont d’encore plus grands rêveurs que ceux qui préfèrent l’insurrection.

On se verra sur les prochaines barricades…
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en espagnol

Sud de l’Italie : Un tract distribué début avril

[13 avril]

Un révolutionnaire sincère ressent le besoin de traduire ses actions en actes. Attaquer l’Etat, en détruire les appareils, railler ses gardes et ses défenseurs est la praxis quotidienne de quiconque porte la liberté dans son coeur et hait profondément l’oppression.

Depuis qu’ils existent, sous quelque forme que ce soit, les tuteurs de l’ordre constitué se sont toujours dévoués à répondre (ou à prévenir) et réprimer par la force et la férocité tout expression de rébellion ou d’attaque contre cet existant morose.
Il arrive donc que des expressions de révolte comme celles de Gênes et de Rome, l’attaque de ceux qui développent le nucléaire, l’attaque d’une banque ou n’importe quel symbole et émanation du capitalisme qui nous enchaîne, peuvent, ou malheureusement sont, sanctionnées par la prison.
Il arrive que la rédaction et la distribution d’un tract soient l’objet de l’attention des chiens de garde en uniforme qui, reniflant l’odeur de la rébellion, aboieront effrayés par un parfum trop fort pour leurs narines habituée à la puanteur de merde de leurs maîtres.
Il arrive que celles et ceux qui positionnent en défense de la terre contre les logiques du profit et de la militarisation qui dévastent les territoires par des monstruosités aux noms divers, trains à grande vitesse, MUOS, pelleteuses, TAP et mille autres encore, sabotent les lignes ferroviaires du pays, découpent les grilles et attaquent les chantiers en se riant de l’Etat.

Cependant, les éclats de rire n’arrivent pas qu’à nos oreilles, nous réchauffant au moins un peu le coeur :ils arrivent aussi à celles des sales défenseurs de la normalité et de la tristesse que l’on prodigue de mille façons pour limiter notre liberté. Il est arrivé, donc, que les compagnons qui ont attaqué les projets de grande vitesse ont été arrêtés, que ceux qui ont essayé de stopper l’absurde monstruosité du MUOS ont été éloignés des lieux afin qu’ils ne puissent plus s’en prendre à cette répugnante structure, ou que tous ceux qui ont osé se rebeller contre cet existant, tous ceux qui l’ont attaqué, ont été l’objet de l’attention de l’Etat qui ne manque pas de faire sentir sa présence à travers des restrictions de liberté variées, qui se concrétisent en obligations d’aller signer ou de fantomatique associations de délinquants, des interdictions de territoire ou d’interminables périodes d’incarcération préventie pour trancher les ailes des révolutionnaires.

Par chance, pourtant, les coeurs des révolutionnaires sincères brûlent d’une flamme trop forte pour être éteinte par le terrible vent de la répression. Au fond, celles et ceux qui sentent que se rebeller contre ce monde et en rêvent un autre, différent, où nous vivrions libres en admirant la beauté, savent déjà devoir rencontrer la terrible résistance de ceux qui aiment l’ordre, et qu’il faudra affronter : la survie de l’un implique inévitablement l’annihilation de l’autre.
Que les coeurs chauds des révolutionnaires sincères fassent fondre la morsure gelée de l’Etat.

Pour la Liberté, pour l’Anarchie.

Quelques anarchistes

Turin, Italie : Rassemblement en solidarité avec Graziano, Lucio et Francesco

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Une histoire qui est aussi la nôtre. Une longue histoire qui n’est pas finie.
« L’histoire enseigne… », ainsi débutaient les fables d’Esope. Qu’enseigne cette histoire ? Elle enseigne « qu’avoir raison » ne suffit pas, parce qu’en face, il n’y a pas d’autres raisons, mais la force de l’État. Elle enseigne qu’en luttant, on apprend.

On apprend le courage.
On apprend que la légalité ne peut être un critère, parce qu’en respectant la loi, la défaite est garantie. Ce qui est juste importe, pas ce qui est légal.
On apprend que dans la résistance, dans le partage, dans la solidarité, nos vies deviennent plus intenses, plus vraies, meilleures.
On apprend qu’eux ont pelleteuses, armées, gaz lacrymogènes, matraques et fil barbelé. Nous avons les jours, les sentiers, la fantaisie, la nuit.
On apprend que parfois nos compagnons et nos compagnonnes finissent entre les mains de l’ennemi.

C’est arrivé à beaucoup de celles et ceux qui luttent contre le TAV, et trois d’entre eux sont encore en prison : Lucio, Graziano et Francesco.
En prison spéciale, et en isolement depuis un mois pour leurs protestations.
Ils sont accusés d’avoir attaqué le chantier de Chiomonte lors d’une belle nuit de mai 2013.
Le 23 avril commencera le procès.

Cette nuit-là, nous y étions tous et toutes.
Le sabotage est compagnon de celles et ceux qui luttent.
Les terroristes, c’est ceux qui dévastent et militarisent les territoires.

FRANCESCO, GRAZIANO, LUCIO LIBRES TOUT DE SUITE

Rassemblement au tribunal jeudi 23 avril à 09h.

Savona, Italie – L’ALF vandalise L’Institut Zooprophylactique Expérimental

Dans la nuit du 5 au 6 avril, nous avons rendu visite au siège du laboratoire IZS (Institut Zooprophylactique  Expérimental) à Savona. Après avoir bloqué le portail d’entrée pour empêcher les gardiens d’y accéder en auto, nous avons complètement abîmé la peinture de l’auto de service du laboratoire garée à l’arrière, recouvert les vitres et les phares de peinture, et laissé des tags IZS = MORT et ALF. Toutes les fenêtres du premier étage ont été recouvertes de peinture, tout comme la serrure d’entrée et le portail. D’autres tags ont été laissés su le bâtiment : liberté pour les animaux, stop vivisection, assassins.

A l’intérieur du laboratoire de l’IZS meurent chaque année dans l’agonie des milliers d’animaux, uniquement pour pouvoir en torturer et en tuer des millions d’autres dans les élevages intensifs voués à la production de viande, d’œufs et de produits laitiers. Il existe des centres IZS dans presque toutes les provinces italiennes, dont de nombreux sont facilement attaquables, et des actions comme celle-ci sont facilement reproduisibles.

Eteinds ton ordinateur, sors de chez toi et agis pour la libération animale cette nuit.

La résignation est complicité.

ALF

en espagnol

Avalanche n°4 vient de sortir

Cliquez sur l’image pour télécharger le numéro 4 en pdf.

Chers compagnons, chères compagnonnes,

Le quatrième numéro de Avalanche vient de sortir. Pour obtenir des exemplaires, il suffit de nous envoyer un mail : correspondance[at]riseup.net. Sinon, il est toujours possible de télécharger le journal sur le site avalanche.noblogs.org. La version espagnole et allemande de ce quatrième numéro sortiront bientôt.

des salutations anarchistes,
avalanche

Dans ce numéro :

Uruguay – Introduction nécessaire à un travail plus nécessaire encore
Mexique – L’apologie libertaire envers le langage juridique
Mexique – Le conflit au Mexique et une critique du milieu anarchiste
Chili – Sur le danger de transformer l’anarchie en un ensemble de pratiques “alternatives” sans contenu offensif contre le pouvoir
EU – Nous accueillons le feu, nous accueillons la pluie
Suisse – Contre la « ville des riches »
Espagne – La boîte de Pandore et le fourre-tout de l’antiterrorisme espagnol
Italie – La légende de la vallée qui n’existe pas
Grèce – Déclaration d’Andreas-Dimitris Bourzoukos au procès de Velvento
Grèce – A propos de la nouvelle loi

Italie : Alberto Funaro, condamné pour les émeutes de Gênes en 2001, relâché de prison !

G8-2001

Alberto Funaro a été libéré sous liberté conditionnelle, après deux ans et demi de prison pour les évènements survenus à Gênes en 2001 et pour lesquels 10 personnes ont été condamnées pour dévastation et pillage par les tribunaux italiens.

Marina Cugnascho et Francesco Puglisi, condamné dans la même affaire, sont toujours en prison.

Vincenzo Vecchi, lui aussi condamné, est toujours libre et en cavale.

Prison de Ferrara, Italie : Alfredo Cospito en isolement, rapport disciplinaire et protestations

barbed-wire-hand_smLe 13 février, un coup de téléphone à l’un des compagnons enfermés dans la section de Haute Sécurité de la prison de Ferrara nous a appris qu’Alfredo a été placé en isolement suite à une altercation avec un gardien. L’isolement punitif, 14bis o.p., a été mis en place il y a deux jours et un autre compagnon de la section a reçu un rapport disciplinaire, toujours pour le même épisode. Les autres prisonniers de la section AS ont protesté contre cet évènement et entendent continuer jusqu’à ce que prenne fin l’isolement d’Alfredo.

14 février : Alfredo a été directement emmené dans une autre section de la prison, et n’a donc pas de contact avec les autres prisonniers, ni avec ceux de la section AS, ni d’autres sections. Les autres compagnons de la section spéciale se sont vus suspendre la ballade et les interdits de rencontre restent en vigueur.

Source : Croce Nera Anarchica

en anglais | espagnol | grec | portugais

Italie, No TAV : Condamnations et lacrymogènes sur l’autoroute

27 juin 2011 : l’expulsion de la Libre République de la Maddalena

La première session du dit « méga-procès No TAV » vient de s’achever, dans lequel 53 compagnons sont mis en cause pour la résistance contre l’expulsion de la Libre République de la Maddalena le 27 juin 2011 et pour l’assaut du chantier de Chiomonte le 3 juillet qui s’en est suivi. Les accusations de lésions et de violences aggravées, de résistance à personne dépositaire de l’autorité publique, de dégradations et de dissimulation de visage sont devenues des condamnations, qui varient entre quelques mois et quatre ans et demi de prison, pour 47 personnes [pour un total de 145 ans, NdCI]. Des condamnations lourdes, mais inférieures aux réquisitions des procureurs Pedrotta et Quaglino – qui, le 7 octobre dernier, avaient demandé 200 ans de prison au total – excepté pour quelques compagnons contre lesquels les juges ont décidé de serrer un peu plus la vis de ce qu’avait proposé l’accusation. D’autre part, six acquittements ont été prononcés.

A la sortie de la salle, les No TAV présents au procès ont envahi la route et ont bloqué le corso Regina Margherita pendant une vingtaine de minutes dans les deux directions, à la hauteur de la salle bunker, pour protester contre la sentence émise par les juges.

Un autre rendez-vous a été donné le même après-midi à la gare de Bussoleno à 18 heures. Celui-ci s’est transformé en cortège de 250 personnes environ, qui a tout d’abord bloqué la route nationale, puis tenté d’envahir l’autoroute. La police a réussi à se mettre à temps en travers du chemin pour empêcher cette première tentative, mais elle a vite été contournée par un gros groupe de manifestants qui, éparpillés dans les prés, se sont emparés de l’un des deux côtés de l’autoroute. L’occupation de l’autoroute a duré environ une demi-heure jusqu’à ce qu’arrivent de nouvelles troupes de police qui l’ont attaquée à coups de lacrymogènes et de quelques charges. 5 personnes ont été arrêtées au cours de ces évènements, dont deux ont été relâchés peu après. L’autoroute a été réouverte, bien protégée par les uniformes, tandis que la nationale était encore bloquée. Autour de 23h30, les trois No TAV arrêtés lors des charges sur l’autoroute ont fini par être libérés avec une convocation devant le tribunal.

Repris et (un tout petit peu) adapté de Macerie

Note : Une grande manifestation est appellée le 21 février à Turin pour démontrer que tout continue et que ces 145 années de prison qui ont été distribuées n’entament en rien la détermination de la lutte.
Ora e sempre No TAV !

Italie : Cadeaux de Noël

refugi

Il y a quelques jours, nous nous plaignions du fait que la discussion autour des « incendies de Noël », potentiellement riche de points intéressants, aie déraillé avant même de naître. A plus d’une semaine de distance et malgré l’invitation des compagnons de Bologne de la remettre sur les rails, la situation nous semble en fait avoir empiré. Essayons donc d’y offrir nous aussi une contribution : qui sait si cela sera utile. Une note de méthode, avant de commencer. Le « nous » qui parle dans ces lignes ne se réfère ni à un individu sujet à des délires d’omnipotence, ni à des groupes particulièrement élargis de compagnons : ceux qui parlent ici sont simplement les rédacteurs de Macerie.

Sous sous une proposition

Reprenons depuis le début. Au cours des nuits précédant Noël dernier, d’abord à Florence et ensuite à Bologne, quelqu’un met le feu aux câbles du mécanisme de gestion et de contrôle du trafic de la ligne à Grande Vitesse. Matériellement, il y  peu de dégâts, mais dans les deux cas, le système fait tilt et les retards s’accumulent aux retards, dès l’aube – et ça, c’est un dégât conséquent. Personne ne se fait mal, ou n’aurait pu se faire mal ; simplement, deux fois en quelques jours, la circulation ferroviaire est compromise sur ces tronçons, en particulier ceux des trains super rapides.

Le lien entre ces faits et la lutte contre le TAV surgit de façon spontanée, puisque ce sont justement des canaux et des transformateurs électriques de la nouvelle ligne qui sont partis en flammes ; du reste, il y a quelques années déjà que de gros groupes d’opposants au train armés de banderoles et de  drapeaux envahissent périodiquement les voies dans toute la botte, pour bloquer les Frecciarossa, Frecciabianca et Frecciargento – ou les TGV de passage – en repeignant parfois les wagons, mais qui provoquent toujours des retards en chaîne sur les lignes. Il n’est pas complètement fou que parmi les milliers et milliers d’opposants au train super rapide se trouvent également des gens qui, ce Noël, ont voulu expérimenter un différent moyen d’obtenir le même effet que ces blocages déjà si répandus. Rien de particulièrement nouveau, par ailleurs : il y a moins d’un an, ouvertement déclaré en solidarité avec les arrêtés du 9 décembre, quelqu’un a bloqué la ligne à la hauteur de Rome en lançant une chaîne pourvue de briques à chaque extrémité sur les câbles, et personne n’a exprimé de suspicions particulières ou n’a eu quelque chose à en redire.

Seuls ceux qui y étaient peuvent dire pourquoi ce qui est arrivé est arrivé, mais il nous semble qu’il s’agit somme toute d’une situation limpide. Pour leur part, les journalistes et les politiciens ont fait leur métier, et de la façon habituelle, en brandissant une terreur et un terrorisme qui n’existent ni au ciel ni sur terre : après les incendies de Noël, les usagers habituels de la Grande Vitesse n’auront certainement pas peur de prendre ce train, ou alors seulement parce qu’ils sauront que ce train est tellement mal vu qu’il…arrive souvent en retard ; ceux qui ont subi les retards en chaîne sur les trains « normaux » n’ont eu aucune raison non plus d’être terrorisés. Parmi les passagers, il y aura certainement aussi eu des gens qui, solidaires avec la lutte contre le TAV, se seront marrés ; et puis d’autres qui auront été bien satisfaits d’avoir une bonne excuse pour rater quelques heures de travail. Les autres, la majorité, se seront simplement énervés ou seront restés indifférents, comme pour tous les blocages faits avec les banderoles et drapeaux de ces dernières années. Mais il ne suffit certainement pas d’une accointance de lieu et de date pour faire un parallèle avec les stragi de la gare de Bologne*, de l’Italicus** ou du Rapido 904***, qui ont sans doute possible été des épisodes de terrorisme, mais qui ont ici autant de rapport que des choux au petit déjeuner. Du reste, l’intelligence des journalistes est une chose mystérieuse et insondable, et il n’est pas toujours facile de comprendre où termine le raisonnement malveillant et la provocation étudiée (comme ces rapprochements abusifs) et où commence le simple laisser-aller, la tendance continue à la bêtise (comme dans le cas des signatures graffitis prises pour « la revendication No TAV »).

Malgré la confusion semée par les journaux et les politiciens, et surtout en absence d’éléments contraires, qui nous semblent inexistants dans le cas présent, il n’y a aucun sens de se demander, comme certains l’ont fait : « Mais ce sont vraiment « des nôtres » qui l’ont fait ? Ou il y a quelque chose qui se trame dans l’ombre ? ». Ce qui a du sens, par contre, c’est que chacun se demande si ces faits ne portent pas avec eux une proposition adressée à tous, si cette proposition est sensée, acceptable ; si elle est à défendre et à reproduire ou, au contraire, à laisser retomber dans le vide.

Possibilité à cueillir, ou pas

Du reste, il y a un an et demi, les choses se sont déroulées plus ou moins comme ça. On s’est réveillés le matin avec la nouvelle de l’attaque du chantier du 13 mai, avec les journalistes et les politiciens qui piaillaient et alimentaient la confusion. La « nuit du compresseur » portait en soi des éléments de rupture – que ce soit d’un point de vue organisationnel que de celui du choix des instruments pratiques – par rapport à ce qu’à ce moment-là le gros du « mouvement No TAV » était disposé à pratiquer et à soutenir, mais aussi des éléments de grande continuité : c’était un pas, une possibilité en plus qui ne pouvait évidemment pas être proposée, discutée et organisée dans les assemblées populaires ou dans les coordinations des comités, mais qui répondait (adéquatement ou non, ce n’est pas le sujet ici) à une nécessité de la lutte. De fait, quelqu’un a donné sa propre lecture de la situation, en a discuté et s’est organisé avec ceux qu’il préférait et, la nuit du 13 mai 2013,  fait ce qu’il avait à faire. Ce n’était certes pas la première fois que quelque chose du genre arrivait, mais jamais avec autant de force. Et comment a réagi, de son côté, le « mouvement No TAV » ? Il a lu cette nuit comme ce que, à notre avis, elle était : une proposition. Pour être clairs, lorsque nous parlons de « mouvement No Tav », nous le faisons dans la seule acception de ce terme qui nous plait, à savoir l’ensemble vivant, multiforme et privé d’une logique univoque qui recouvrerait ceux qui s’opposent à la construction de la ligne du super-train. Et c’est pour cela même que l’on ne pouvait clairement pas s’attendre à ce que cette proposition soit accueillie de façon unanime, ni univoque, ni définitive non plus. Où et quand vérifier une éventuelle unanimité ? Comment éviter que, de cette « nuit du compresseur », chacun ne prenne que ce qu’il veut et peut, ou que cette proposition ne soit favorablement accueillie que pour ne pas se retrouver hors jeu ? Et, enfin, nous sommes convaincus que le slogan « indietro non si torna » [”On ne retourne pas en arrière”] est un slogan qui décrit bien la fermeté et la détermination, mais pas la réalité des luttes où l’on doit être toujours disposés à recommencer depuis le début. Mais nous pouvons dire que, au moins en ce qui concerne son aspect le plus immédiatement pratique (l’usage du sabotage), cette proposition a été jugée comme positive par une frange considérable du mouvement, et les mots d’ordre hurlés à en perdre la voix après les arrestations de Chiara, Niccolò, Claudio et Mattia le démontrent suffisamment, nous semble-t-il. Son aspect méthodologique, c’est-à-dire la possibilité de s’organiser en-dehors des assemblées populaires et des coordinations des comités est par contre demeuré globalement dans l’ombre, et nous pouvons dire que cela n’a pas été entièrement digéré : cela est parfois accepté, comme dans le cas des sabotages survenus en Vallée l’été 2013 contre les entreprises impliquées dans l’affaire, et parfois non. Et l’air de ces derniers jours nous semble le démontrer.

Si ce n’est maintenant…

Revenons-en donc aux faits de Noël. Selon nous, ces incendies ont été une bonne idée. La ligne à Grande Vitesse est, selon l’expression dont on abuse et très banale, un géant aux pieds d’argile : les soldats enfermés à double tour dans le chantier de Chiomonte ne peuvent certainement pas suffire pour surveiller des centaines et des centaines de kilomètres de voies qui, dispersées dans tout le pays, sont un peu les nerfs à vif d’une Grande Oeuvre qui n’est pas haïe et n’a pas fait de dégâts qu’en Val di Susa. A travers la lutte de ces dernières années, les Valsusains ont conquis une sympathie, dans toute l’Italie, qui s’est souvent transformée en soutien concret et déterminé ; et il y a aussi les gens qui sont opposés au TAV et qui sont disposés à se battre au-delà des histoires spécifiques de la lutte dans la Vallée. De plus, avec les rassemblements devant les auberges, les entreprises et les blocages de gares, les lieux dans lesquels se déroule la lutte se sont déjà extraits du seul chantier. Pour cela, le saut ne nous semble pas du tout incompréhensible, et la suggestion de ces nuits de Noël aurait pu encore être reprise, et ailleurs : la qualité des initiatives telles que celles-ci résident dans leur potentiel aspect quantitatif, c’est-à-dire dans la possibilité que, ne semblant pas complètement extraterrestres au contexte ni difficilement réalisables, celles-ci soient reprises par d’autres et répétées, augmentant leur caractère incisif. Il est vrai que des initiatives telles que celles-ci échappent, du fait de leur nature, aux discussions publiques préalables, et posent aussi des problèmes pour la discussion de l’immédiateté de l’ensuite – alors qu’il faut déjà toujours faire gaffe à ce que nos perplexités ne finissent pas par indiquer aux flics, par élimination, les suspects sur lesquels enquêter. Mais il est également vrai que, si l’on ne se sentait pas obligés de répondre à chaque sifflement des journaux, on pourrait trouver une façon de se confronter, parce qu’il est toujours important de discuter et de critiquer ; et il est encore vrai que lorsque les propositions sont inadéquates dans une situation donnée, elles ne trouveront tout bêtement personne pour les accueillir, et mourront d’elles-mêmes. Et puis, il faudrait se résigner au fait que le « mouvement No TAV » ne peut être une signature, ni un seul contexte organisationnel, mais un ensemble beaucoup plus vivant et hétérogène où il n’est pas forcément obligatoire d’être tous d’accord et où personne ne peut prétendre tout contrôler. Cette fois, les choses sont allées au-delà de ça, avec les affirmations objectivement délatrices contenues dans un bref article publié par l’un des sites les plus suivis du mouvement. Des affirmations corrigées par leurs propres auteurs le jour suivant, quand elles avaient déjà largement circulé, finissant jusque dans les journaux. Ce ne sont que ces tout derniers jours que les auteurs ont publiquement admis, à la fois par écrit et dans les assemblées, qu’ils avaient fait une erreur. Il est important qu’il l’aient reconnu, étant donné qu’il est fondamental de signaler qu’il n’y a pas de polémique qui justifie ce genre de dérapages ; et s’ils l’avaient fait plus tôt, nous aurions évité cette longue série de communiqués, rédigés avec des tons et des manières diverses, et parfois tout sauf précis, qui demandaient des comptes. Et il aurait été possible de discuter de choses plus intéressantes.

En somme, ces incendies nous semblaient être une bonne idée à Noël, et ils nous semblent être une bonne idée encore à présent. Cela dit, si ce qui semble être une bonne idée ne fonctionne pas ou ne prend pas racine, on peut aussi, à un moment, la mettre de côté et… la garder sous le coude pour quand elle pourra s’enraciner et fonctionner. Et le point central est peut-être celui-ci. Chacun d’entre nous peut évaluer le caractère adéquat d’une proposition donnée dans une situation donnée, puis conclure : « pas mal du tout cette idée, dommage que ça ne soit pas le meilleur moment ». Mais ensuite, les efforts doivent être faits pour que demain puisse se faire ce qu’il n’est pas possible de faire aujourd’hui, parce que si certaines conditions qui rendent adéquat au contexte un fait particulier sont imprévisibles et tout à fait séparées de notre volonté, d’autres dépendent de nous, de la clarté de nos discours, de la direction dans laquelle nous décidons d’aller. Ceux qui ont pensé que les sabotages de Noël étaient une bonne idée en théorie, mais à mettre en pratique à un autre moment de la lutte (par exemple lors d’un des pics combatifs du mouvement, comme juste après la chute de Luca du pylône ou à certains moments du procès des quatre du 9 décembre) et parlent maintenant de ces initiatives comme de dépréciables « chiffons imbibés d’essence » n’en favoriseront certainement pas la reproposition, mais au contraire, en éloignera à l’infini la mise en pratique. Un raisonnement identique peut se faire pour ceux qui pensent que le sabotage est effectivement un bon outil, mais à utiliser au compte-gouttes, puisqu’il n’a pas encore été digéré par le gros du mouvement, qui l’estime utilisable contre le chantier et ses prolongations dans la Vallée seulement, et non pas contre les lignes déjà en fonctionnement : il faudra alors trouver les moyens pour en favoriser la digestion, avec des discussions et avec des propositions pratiques. Et il nous semble que l’exact contraire a été fait : nous comprenons la fougue polémique, mais quelque chose ne nous va pas.

Est-ce tout ? Non, nous voudrions, au moins pour cette fois, vous indiquer deux facteurs apparemment opposés qui contribuent tout deux à ranger un peu trop vite de côté la proposition contenue dans les incendies de Noël : l’éternelle théorie du complot et l’opposition entre ces épisodes et la lutte « dans la Vallée ».

Sombres ficelles et réflexes conditionnés

Il existe en Italie une mentalité diffuse qui veut toujours voir sous la superficie des choses des complots cachés et des intelligences occultes qui ont le pouvoir et la capacité d’organisation pour mettre sur pied des raisonnements machiavéliques et sans scrupules. Des grandes trames obscures, il y en a eu, et il y en aura d’autres – Piazza Fontana**** nous l’a tristement appris. Et il y a et il y aura toujours des toutes petites trames de complot, faites de calculs individuels mesquins, comme dans le cas récent du chauffeur de Rinaudo. Mais bordel, on ne peut pas transformer cela en moteur du monde ou, plus banalement, en clé de lecture pour tout ce que l’on ne comprend pas ou qu’on ne partage pas. Il y a des éléments concrets, factuels, des contradictions grosses et visibles dans les faits qui se produisent, pour autant que nous puissions les connaître. Pour faire un exemple simple : le tag du Nouvel An attribué à Noa, qui énumère à tort et à travers des noms de compagnons, et menace, et promet sans rien faire, est évidemment un bobard bon pour les journaux en mal de titres ronflants (qu’il s’agisse d’un faux étudié et organisé ou, plus simplement, de l’accouchement de travers d’un mythomane, nous ne nous hasarderons pas sur ce terrain). Mais dans le cas des incendies de Noël, la seule chose « bizarre » n’est pas dans le fait en soi, mais dans la narration qu’en ont fait les journaux, dans la démence manifeste avec laquelle ils ont préparé les fotogallery du graffiti. Mais que les journalistes soient sélectionnés pour leur bêtise et pour le mauvais fonctionnement de leurs synapses est un mystère que nous avions déjà découvert depuis quelque temps. Ou devrions-nous peut-être donner du crédit au juge Imposimato qui, en vertu de sa longue expérience et du haut de son profil facebook, nous informe que ces incendies sont une « stratégie de la tension » : et qui le lui a dit, à celui-là ? Et sur la base de quels éléments, de quel raisonnement, de grâce ? Et accepter aujourd’hui de lui donner un peu d’espace, à lui, n’est-il pas un peu semblable à si dans n’importe quelle lutte du futur, nos enfants acceptaient de se faire donner la leçon par Rinaudo ? Avec trente ans de plus, un peu de bide et un dentier, il ferait un parfait expert en terrorisme…

Soyons sérieux. Nous ne pouvons fournir aucune recette prémâchée pour identifier les canulars et les provocations et séparer à coup sûr, comme on dit, le bon grain de l’ivraie. Mais si nous ne pensons pas l’avoir nous-mêmes, nous ne pensons pas que qui que ce soit d’autre l’aie. Et puis c’est vrai : les désirs influencent le regard, et la confiance que nous avons dans l’initiative parfois individuelle, dans la détermination parfois éparpillée de ceux qui veulent se jeter dans la bataille contre le super-train, peut jouer de sales tours et nous faire prendre des lucioles pour des lanternes. Mais le comportement contraire, celui un peu esthétique de ceux qui prétendraient que tout se passe sous leur contrôle préventif, celui de ceux qui voudraient que ne se produisent que les choses qu’eux jugent opportunes, crée des effets qui nous semblent pires, puisque cela contribue à rogner les ailes à des possibilités de lutte qui peuvent par la suite nous servir à tous ; ou bien, ce qui revient plus ou moins au même, à empêcher la discussion à propos de propositions qui, comme cela peut arriver, sont simplement erronées ou mal placées.

Ces quelques lignes ne suffiront certainement pas à convertir les complotistes à tout prix, nous en sommes bien conscients, et nous sommes également conscients que cette mentalité suspicieuse que nous critiquons est très enracinée et n’est pas exclusive aux gens de mauvaise foi : il suffit d’aller faire un tour dans les contextes dans lesquels les luttes parviennent à impliquer non seulement les militants plus ou moins professionnels mais aussi les gens communs, dans les contextes dans lesquels le tissage des luttes rend possibles des discussions directes en éludant un instant le phantasme de « l’opinion publique », pour se rendre compte que l’hypothèse du complot est un réflexe conditionné qui se déclenche chaque fois que se passent des choses que l’on a du mal à comprendre et à partager. C’est pour cette raison que ceux qui, comme nous, critiquent cette mentalité, devraient arrêter de hurler, du sang plein les yeux, « politiquards opportunistes » [politicante paraculo] chaque fois qu’ils la voient réémerger périodiquement. Non pas parce qu’il n’y aurait personne qui lui donne de l’espace par simple calcul politique et pas non plus par conviction propre avec pour unique objectif de déqualifier des pratiques plus généralement ou à certains moment retenues non opportunes  : il y en a, et comment, qui continueront de le faire tant qu’ils trouveront un terrain fertile dans les milieux de lutte. Et nous ne pouvons intervenir sur ce terrain seulement si nous apprenons d’un côté à critiquer ce réflexe conditionné et, simultanément, pousser vers la compréhension critique des faits qui l’ont déclenchée.

Bloqués au presbytère

Des dommages identiques risquent certainement d’être provoqués, paradoxalement, par certains des défenseurs les plus ardus de ces incendies de Noël. Déjà parce que dans ce chaudron, on trouve aussi certaines personnes qui ont voulu pointer une opposition nette, très nette, entre la lutte dans la Vallée et les sabotages de Bologne et de Florence : là-haut, tout est nase, comme il a été dit, et ces sabotages sont un bon moyens de ne pas y mettre les mains au milieu, mais à distance de sécurité. Là-haut, en montagne, parlementaires, maires, magistrats, écrivains boudeurs et glissants et tous types d’animaux politiques ; ici-bas, de nuit le long des voies, ceux qui sont contre le super-train mais aussi contre le Parlement, les Mairies, les Tribunaux, les artistes engagés, la basse politique des groupuscules et tout ce que ceux qui en ont voudront bien y rajouter. En somme, les anonymes et inconnus saboteurs de Noël auraient adressé leur proposition… aux anarchistes ! Et même pas à tous, parce que si en ce qui concerne le Parlement, les Mairies et les Tribunaux, les anarchistes sont d’accord entre eux, le débat est encore ouvert sur l’art et le militantisme. Si la proposition est celle-ci, il est évident qu’elle ne pourra pas s’étendre plus que ça et encore moins « déborder » : les anarchistes sont ceux qu’ils sont, ont les forces qu’ils ont, et le gros du « mouvement No TAV », sur ces sujets, a des positions des plus variées et disparates. Il en resterait donc forcément des bouts laissés de côté. Certes, il n’y a pas que le « mouvement No TAV » ! Mais nous ne voyons vraiment pas comment et pourquoi un exploité de San Zenone au Lambro, qui en a plein les couilles d’une vie d’exploitation, finalement déterminé à combattre mais tout à fait ignorant des débats du mouvement, doive reprendre ces bons exemples de Noël dans un sursaut de rage. Il ira beaucoup plus probablement mettre un bon coup de boule au responsable d’Equitalia de son bled, ou à son chef au travail : il fera une chose bonne et juste, donnant peut-être par là un exemple contagieux prêt à se diffuser en tâche d’huile et sans rien d’autre à soutenir mais… ceci est une autre histoire.

Rendons-nous clairs : nous ne sommes en rien opposés au fait que les anarchistes, sur le TAV ou sur autre chose, se fassent de temps en temps des propositions, y compris de cette façon, y compris à distance. Par contre, il n’est pas possible de s’attendre à ce qu’il se passe autre chose que ce les anarchistes sont en capacité de déterminer directement. Dans le cas présent : quelque sonnerie, un peu de carillons… Nous manquons peut-être de charité de Patrie, mais nous tendrions à exclure les volées de cloche.

Comme toujours, chacun voit dans les choses ce qu’il veut y voir. Et nous, dans les incendies de Noël, nous avons voulu y voir une proposition adressée au « mouvement No TAV » qui, par chance, est autre chose qu’une simple accumulation de petits groupes politiques. Une proposition qui aurait pu être accueillie favorablement et, qui sait, peut-être pu déborder ; si cela c’était passé ainsi, ceux qui nous ont collé cette opposition ne lui ont certainement pas rendu service, puisqu’ils contribuent à l’enfermer dans une dispute entre paroisses militantes. Et les cloches de ces paroisses ont effectivement sonné à la volée ces derniers jours.

Macerie, 19 janvier 2015
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Notes de Contra Info : * Le 2 août 1980, une bombe explose dans la gare de Bologne, tuant 85 personnes et blessant plus de 200 autres. Cette bombe y a été placée par les Noyaux Armés Révolutionnaires, un groupe néo-fasciste armé de l’époque.
** Le 4 août 1974, une bombe explose dans le train Italicus, tuant 12 personnes et en blessant 48 autres. L’organisation néofasciste Ordine Nero revendique l’attentat.
*** Le 23 décembre 1984, une bombe explose dans le train Naples-Milan, provoquant 17 morts et 265 blessés. Des mafieux seront condamnés pour cet attentat.
**** Le 12 décembre 1969, une bombe explose dans la Banque de l’Agriculture sur Piazza Fontana, à Milan, provoquant 16 morts et 88 blessés. Les anarchistes ont d’abord été accusés, avant que tout n’indique que l’attentat venait des milieux néofascistes.

Italie / Espagne : Réflexions sur la répression

Le tortionnaire est un fonctionnaire.
Le dictateur est un fonctionnaire.
Bureaucrates armés, qui perdent leur emploi s’ils n’accomplissent pas leur tâche avec efficacité.
Ce ne sont pas des monstres extraordinaires.
Nous ne leur ferons pas cadeau d’une telle grandeur.

Eduardo Galeano

La matinée du 9 décembre, un nouveau mandat de capture a été remis à Francesco, Graziano et Lucio, déjà accusés du sabotage de la nuit du 13 au 14 mai 2013 et en prison depuis le 11 juillet 2014, dans lequel on trouve l’accusation d’attentat à la vie humaine (art. 280), fabrication d’armes de guerre (art. 280 bis) et l’aggravant de finalité terroriste (art. 280), c’est-à-dire les mêmes accusations que celles qui étaient portées contre Claudio, Chiara, Mattia et Niccolò. Pour l’occason, ils ont subi une fouille de leurs cellules et la confiscation de matériel et de courrier. Quelques-uns d’entre eux ont vu leurs parloirs immédiatement bloqués et Lucio a été placé à l’isolement. Après la sentence contre les quatre, pour qui l’accusation de terrorisme est tombée, car le fait n’est pas retenu. Mais le terrorisme reste utilisé contre Francesco, Graziano et Lucio. Lucio reste en isolement dans la prison de Busto Arsizio, et son transfert aura lieu d’ici peu, tandis que Francesco et Graziano ont été transféré à Ferrara dans le module de Haute Sécurité AS2,* où il leur est interdit de se voir entre eux ou de voir les autres compagnons de la section, donc en isolement. Plus tard, ils ont ré-obtenu la promenade en commun.

Au même moment, en Espagne, quelques jours après l’approbation de la loi Mordaza, une opération répressive du nom de Pandore commence contre le « terrorisme anarchiste ». Des 11 personnes arrêtées, 7 sont encore actuellement détenues.

L’appareil judiciaire est un théâtre de papier, mais protégé d’une forte cuirasse qui change de forme selon ses intérêts. Ses lois, ses matraques et ses condamnations nous touchent à différents niveaux et de différentes façons.

L’une des multiples finalités de la répression est de rompre et de dépersonnaliser l’identité individuelle et collective. L’identité nous aide à soutenir les idées, la sécurité émotionnelle et donc notre capacité d’action et de réaction, nous donnant conscience des diverses situations et de notre rôle au sein de celles-ci.
C’est justement pour cela qu’il est nécessaire de partager les réactions personnelles et de les élaborer collectivement dans les groupes d’affinité, pour les transformer en force collective. Nous avons toutes et tous besoin d’affection, de lumière, d’ombres, de chaleur, de soupapes de décompression, de soin et de conflit.

Lorsqu’une personne est arrêtée, la frustration et l’impuissance qui nous envahissent ne sont pas faciles à gérer, elles nous rendent désorganisés, passifs, distants de celles et ceux qui sont dedans. Et il est d’une importance fondamentale de transformer ces sentiments en un dialogue actif avec ceux de l’intérieur. Cette guerre permanente nous fait mal, c’est un doigt dans la plaie, mais nous devons nous en servir pour créer des ponts entre celles et ceux qui sont dans la petite cage oppressante de la prison et celles et ceux qui sont dans la grande cage apparemment confortable qu’est la société. Que la rage soit le carburant de nos actions, mais que l’occasion de réfléchir le soit également en créant des espaces d’intimité, de confiance, de convivialité, pour brûler les peurs qui nous réfrènent.

Partager analyses et sentiments avec d’autres, qui ont déjà vécu des situations de répression, aide à construire et à renforcer la lutte, la solidarité, nous-mêmes.
Accepter le langage du pouvoir, sa violence physique et psychique, dans le personnel comme dans le social, altère nos valeurs et risque de les faire disparaître et de nous englober dans le système.

Il est dès lors important de partir des expériences traumatisantes qui dérivent de la répression pour élaborer des moyens de les affronter, en renforçant par exemple des processus d’appui mutuel, en reconstruisant le réseau des groupes sociaux, la mémoire, en donnant priorité au sens communautaire. Tout cela est un parcours qui n’est pas facile, mais qui n’est pas impossible.

Il est nécessaire d’affronter la répression et les effets qu’elle a sur nos vies, de manière collective, pour créer de la conscience et des outils qui puissent nous donner de la force.

Quelques compagnonnes

* Note de Contra Info : Lucio a lui aussi été transféré depuis peu à Ferrara.

Bologne, Italie : Perquisitions suite à un sabotage de voie ferrée

Ci-dessous, le communiqué des anarchistes après la perquisition :

Mardi 23 décembre, autour de 11 heures du matin, la DIGOS de Bologne a fait irruption dans les maisons de quatre compagnons et compagnonnes à la recherche d’armes et d’explosifs (art. 41), suite à l’incendie des câbles sur la ligne de la grande vitesse Bologne-Milan quelques heures plus tôt aux portes de Bologne.
Les perquisitions se sont déroulées assez rapidement et n’ont mené à aucun résultat. Il s’agit évidemment d’une sorte de rite à accomplir suite aux piaillements de Lupi, qui a tout de suite parlé de terrorisme. Faire voir que la police est là et que la police agit.

Tout notre dégoût envers ceux qui continuent de mettre le nez dans nos maisons.
Toute notre solidarité pour Chiara, Claudio, Mattia et Nicco, finalement hors de prison, bien qu’encore en assignation à résidence, et à Graziano, Francesco et Lucio, encore en prison pour le sabotage du chantier du TAV le 13 mai 2013.
Liberté pour tous !

Les anarchistes perquisitionné-e-s

Italie : Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia assignés à résidence, Lucio transféré

musineUne semaine après leur condamnation, Chiara, Claudio, Niccolò et Mattia ont été placé-e-s en assignation à résidence avec toutes les restrictions. Ils sortent donc de prison mais il leur est interdit de voir toute personne n’étant pas domiciliée dans la même maison.

D’autre part, Lucio a lui aussi, comme Francesco et Graziano, été transféré dans la section AS2 de la prison de Ferrara.
Si vous souhaitez leur écrire, leur adresse est :

Francesco Sala
Graziano Mazzarelli
Lucio Alberti

c/o C.C. via dell’Arginone, 327
44100 Ferrara
Italia

de Macerie