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[Notre-Dame-des-Landes] Communiqué sur la seconde phase d’expulsion en cours sur la ZAD

La seconde vague d’expulsion amorcée depuis ce matin est une nouvelle tentative d’éradiquer une partie de la zad. Elle va faire remonter dramatiquement la tension dans le bocage et laisser plus de personnes encore privées de leur logement et de leurs espaces quotidiens d’activités. Les routes et chemins sont une nouvelle fois envahis par un dispositif militaire inédit en terme d’ampleur et de durée dans l’histoire du maintien de l’ordre en France. Cette démonstration de force est sans doute à la hauteur de l’affront qu’a représenté des années durant cet espace de résistance et d’expérimentation. L’acharnement de l’Etat est significatif de sa vivacité persistante de cette aventure collective. Il est annoncé que plusieurs habitats sont cette fois visés dans le secteur de la forêt de Rohanne.

En s’attaquant aujourd’hui à la Chat-teigne, l’Etat cherche à raser un symbole de l’histoire de la lutte. La chat-teigne c’est ce chantier collectif de 40 000 personnes, ce hameau magique sorti de terre qui a signé la défaite de l’opération César. La construction de la chat-teigne a marqué la montée en puissance d’un mouvement populaire qui allait finir des années plus tard par arracher l’abandon du projet d’aéroport. Après avoir été un espace de convergence vibrant des mois durant pour et par les comités de soutien, les cabanes de la chateigne s’étaient transformées en habitat plus permanent.

Au-delà de la chat-teigne, la zad est emblématique, entre autre, comme espace de réinvention d’une architecture créative et d’une réappropriation des techniques de construction. C’est à cette dimension d’habitat alternatif et collectif que l’Etat continue aujourd’hui à s’attaquer à travers la destruction des autres lieux de vie officiellement visés aujourd’hui : pui-plu, la datchacha, la vosgerie…

Par ailleurs, cette nouvelle offensive se situe en plein coeur de la zone humide et de la forêt qui vont être encore largement dégradées par le passage des blindés et tractopelles, et par les pluies de grenades et de lacrymogènes. La précédente vague d’expulsion avait déjà ravagé nombre de champs et chemins de la zad en plus d’empoisonner les foins, par la contamination des gaz dans l’herbe et les palets dans les roundballers. Nous avons défendu ce bocage pendant des décennies, nous ne pouvons le laisser aujourd’hui continuer à se faire écraser par la gendarmerie.

Comme c’est déjà le cas depuis des semaines, les travaux nécessaires aux projets agricoles que le gouvernement dit paradoxalement accepter de pérenniser vont continuer à être entravés par l’occupation policière prolongée du territoire et ce au coeur de la saison agricole. D’après les estimations, le coût de cette opération absurde aura bientôt atteint les 5 millions d’euros. C’est la somme que le conseil général avait fait payer à L’Etat pour lui vendre l’ensemble des terres et bâtiments qu’il avait acquis sur la zad en vue du projet d’aéroport.

Le gouvernement tente de neutraliser la résistance en cherchant à ancrer l’idée que des personnes qui n’auraient pas pu ou voulu participer au dépôt collectif de projets seraient moins légitimes à rester vivre ici. Il faut bien peu de coeur pour imaginer que quiconque laisse ses voisin.e.s se faire raser leurs maisons sans réagir. Par ailleurs, les diverses interventions des forces de l’ordre depuis l’abandon de l’aéroport visent à affaiblir et mettre la pression sur tout le mouvement. Faute de pouvoir matériellement et politiquement expulser tout le monde, ces opérations cherchent à imposer des conditions drastiques pour le maintien des projets sur la zone et pour en fragiliser la dimension collective. Nous appelons pour notre part à se mobiliser largement sur le terrain et au-delà pour la défense des divers lieux de vie, réalités et activités qui s’entremêlent sur la zad.

Concrètement, nous appelons à :

/// Converger immédiatement sur palce pour ceux et celles qui le peuvent

/// A un rassemblement devant la préfecture à Nantes à 18h suite à une journée d’expulsion

/// A des rassemblements et occupations sur les places des villes et devant les mairies et préfectures. Les comités de soutien peuvent signaler leurs rendez-vous et actions au site zad.nadir afin qu’ils soient relayés

/// A une manifestation le samedi après une semaine d’expulsion à Nantes

/// A une convergence sur la zad le dimanche après une semaine d’expulsion

[France] : Bilan de la semaine du 23 avril au 29 avril 2018 – Zad de Notre Dame des Landes – Le maintien de l’ordre fait mal !

Cette semaine, pendant cette période de trêve et de simple «déblaiement des habitats détruits et maintient de l’ordre », nous, équipe médic de la zad & collectif de soignant.e.s mobilisé.e.s sur la zad, déplorons 33 blessé.e.s : 14 personnes touchées par des grenades de désencerclements dont un traumatisme abdominal, une atteinte de la face et une personne évacuée ; 12 personnes touchées par des flash ball dont un traumatisme abdominal et une fracture ; 2 personnes présentant des traumatismes thoraciques ; 1 personne ayant fait une crise d’angoisse suivi d’un état de stress post traumatique lié aux gaz et à une action physique : clé d’étranglement de la part des gendarmes ; 2 personnes souffrant d’un trauma auditif par grenade GLI-F4 ; 1 personne brûlée par la chute d’un palet lacrymogène brûlant ; 1 personne intoxiquée par les gaz.
À tout cela s’ajoutent les séquelles à court, moyen et long terme qui font suite aux différentes blessures : difficultés à se déplacer, à conduire, douleurs violente et persistante, cicatrice, incapacité à se rendre au travail, syndromes de stress post traumatique nombreux…
Nous rappelons que depuis le 9 avril, début des opérations d’expulsions, nous avons recensé 305 personnes blessé.e.s. Ce chiffre est quant à lui toujours sous estimé car tout.e.s les personnes blessé.e.s ne sont pas prises en charge à nos postes médicaux.

Nous voulons témoigner précisément de l’évacuation de cette semaine. Une personne s’est rendue à un poste médical , elle présentait un éclat profond au bas de la cuisse, derrière le genoux.
Deux jours plus tard, elle manifestait des signes d’infection, nous avons donc choisi de l’évacuer vers les services hospitaliers. Cette personne a du se faire opérer pour retirer l’éclat qui faisait deux centimètre. Elle s’en est sortie avec 4 points de suture et une antibiothérapie renforcée.

L’éclat en question est l’une des pièces qui sert au mécanisme d’un type de grenade. C’est le quatrième éclat de cette sorte que nous retrouvons dans les chairs depuis le début des expulsions. Un a été extrait d’une cuisse. Pour les trois autres personnes blessées, des extractions chirurgicales en bloc opératoire ont été nécessaires (comme décrit plus haut). La seconde personne ayant été transférée vers des services hospitaliers avait reçu l’éclat dans une dangereuse proximité avec la colonne vertébrale (à 1 ou 2 cm). La troisième personne quant à elle avait reçu l’éclat dans le mollet.

Nous sommes donc aujourd’hui très inquiet.e.s de retrouver des éclats
métalliques de 2 cm dans les tissus profonds et aussi proches de parties vitales. Ces éclats, mal placés, pourraient avoir des conséquences dramatiques pour les personnes touchées. Nous alertons à nouveau la préfecture et les forces de gendarmerie : il est impératif, pour la sécurité des personnes, que cela cesse !

Ici, depuis le 9 avril, nous ne cessons de constater l’usage potentiellement létal des armes de la police qui blessent, mutilent, traumatisent, et bientôt tueront si cette brutalité d’intervention perdure.

Toulouse : Manifestation contre les violences policières du 8 novembre

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toulouse

voitureUne semaine après la manifestation du 1er novembre, qui avait déjà fini en affrontements avec la police, une manifestation nationale contre les violences policières a été convoquée dans la ville de Toulouse, la grande ville la plus proche de la ZAD du Testet, où est mort Rémi Fraisse dans la nuit du 25 au 26 octobre au cours d’affrontements.

Ce 8 novembre, la Préfecture a décidé d’interdire la manifestation, et les organisations et partis écologistes et de gauche ont appelé à ne pas venir. Malgré cela, nous étions plus d’un millier à nous rassembler sur la place Jean Jaurès, complètement encerclé-e-s par des centaines de flics. Le NPA a fini par négocier un nouveau « parcours » de quelques centaines de mètres sur les allées Jean Jaurès. Malgré les huées de la foule, tout le monde finit par suivre, pour voir s’il sera possible de sortir du piège policier. Très peu de temps après, la police bloque entièrement la route et toutes les issues, nous sommes enfermé-e-s sur ces allées. Les clowns clownisent, les pacifistes s’indignent, d’autres personnes se masquent, le NPA essaye de négocier sa sortie. Tout reste calme pendant un moment, puis les flics commencent à inonder la place de gaz lacrymogènes. Tout le monde court et les premières pierres volent, un semblant de barricade est élevée. L’échange de gaz et de pierres dure une vingtaine de minutes, et la manifestation est plus ou moins coupée en deux, la moitié reste prisonnière du piège et les gaz continuent de tomber. Quelques molotov volent, une voiture prend feu (apparemment à cause d’une grenade lacrymogène). On commence à se demander comment on va sortir de là.

Après un moment, ce qui reste de la manifestation est de nouveau coupé en deux. L’une des deux moitiés est repoussée dans les rues autour de la place Belfort à grands renforts de lacrymogènes, tout le monde court sans ses yeux et sans respirer. Une fois sorti-e-s du nuage de gaz, cette partie du cortège (essentiellement composée de pacifistes criant “Paix, Respect, Amour”) se disperse.

L’autre moitié, beaucoup plus masquée, se retrouve du côté de Jeanne d’Arc et finit par redescendre dans les rues en direction d’Esquirol et du Palais de Justice, levant des barricades au passage et détruisant les banques, en prenant la police de court. Malgré le piège policier, les rues du centre-ville ont fini par être atteintes par les manifestants. Tenir face à la présence policière a permis de pouvoir sortir de la souricière et de mener la manifestation ailleurs. Après quelques petites échauffourées, les gens se dispersent là encore.

Finalement, une vingtaine d’arrestations, et 17 personnes sont encore en garde-à-vue le lendemain. 9 personnes passent en comparution immédiate ce lundi 10 novembre.

La manifestation s’est relativement bien tenue malgré les mauvaises conditions, et toutes les pratiques ont relativement bien coexisté, sans trop de dissociations (excepté le NPA, mais passons). Un rassemblement a ensuite eu lieu devant le commissariat pour faire libérer les personnes arrêtées.

Une nouvelle grande manifestation contre les violences policières est prévue pour le 22 novembre à Toulouse. Il est important de parvenir a conserver un niveau de conflit assez élevé dans les manifestations, dans la rue, pour que les pratiques offensives soient vécues et pratiquées ensemble, et éviter de retomber dans les classiques divisions entre “bons” et “mauvais” manifestants. Ici, tout le monde manifestait ensemble. Plus ou moins offensivement, mais ensemble et de façon autonome. Et c’est cela qu’il nous faut mener de l’avant. Afin d’éviter de retomber dans la classique séparation qui portera les gens les plus “calmes” vers la récupération par les partis et organisations d’extrême-gauche classique, et les gens les moins “calmes” vers des pratiques plus spécialisées et plus secrètes d’action directe. Tout cela est tenu ensemble par ces manifestations, par cette capacité à conserver de la force de façon publique. Si nous devons un jour nous diviser, ce sera à nous de le choisir, en toute connaissance de cause.

Il ne s’agit plus de barrage. Il s’agit de nos vies entières.

Lutter contre le capitalisme et ses grands projets, c’est lutter dans la rue, dans la tête, dans le cœur, de nuit comme de jour, contre toutes les formes de domination et d’exploitation, à chacun selon ses moyens.

Solidarité avec les arrêté-e-s !

Muerte al estado, y viva la anarquía.

Un autre compte-rendu de cette manifestation sur IAATA